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Police-Justice

Suicide de l'ex-directeur de Villefontaine: "Il n'attendait pas grand chose de ce procès"

Mardi, le corps de l'ex-directeur d'école de Villefontaine, soupçonné de pédophilie, a été retrouvé sans vie dans sa cellule. Son avocat évoque des "conditions de détention difficiles".

L'annonce du suicide de l'ex-directeur d'école de Villefontaine, en Isère, soupçonné de plusieurs dizaines de viols, a suscité la colère des parents des victimes. Pour l'avocat de l'ancien instituteur, le geste de son client, commis dans sa cellule de la prison de Corbas, dans le Rhône, est le résultat de "responsabilités diluées dans ce type de situation". Une enquête a été ouverte. 

Me Florent Giraud a appris le suicide de Romain Farina dans la presse "comme on apprend beaucoup de choses par la presse dans ce dossier", regrette-t-il. Une médiatisation qui aurait déstabilisé son client, déjà fragile. "Il y a le retentissement de ce dossier assez particulier, explique l'avocat sur BFMTV. A savoir que tout événement qui survient dans le cadre de l’enquête ou l’instruction est su avant par la presse."

"C’est une situation, je pense, qui déjà affecte considérablement la personne qui elle-même se trouve par ailleurs détenue dans une prison dans la prison", ajoute-t-il.

"Extrême fragilité"

Déjà condamné en 2008 par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu, en Isère, pour avoir téléchargé des images pédopornographiques, Romain Farina a été mis en examen le 25 mars 2015 puis écroué après avoir reconnu des viols sur des mineurs. Il avait alors été placé à l'isolement. Son avocat évoque alors "des conditions de détention particulièrement difficiles". 

"M. Farina s’en était lui-même ouvert auprès de l’administration pénitentiaire. Les intervenants pénitentiaires, judiciaires et autres étaient au courant de l’extrême fragilité, de l’extrême vulnérabilité de M. Farina depuis de très nombreuses semaines", déplore Me Giraud.

Le procès, "une épreuve difficile"

D'ailleurs, en août 2015, l'ex-directeur, qui aurait pu commettre des agressions sexuelles sur 61 enfants, avait déjà tenté de mettre fin à ses jours. Pour autant, son avocat assure qu'il n'a jamais été question pour l'homme de 45 ans, "de se soustraire au procès, ni de vouloir court-circuiter l'institution judiciaire".

"Il est clair qu’il n’attendait pas grand-chose de ce procès, que se serait une épreuve difficile d’affronter les familles", poursuit Me Giraud.

Assurant que son client a fait "l’effort de s’expliquer, de reconnaître, de contester ce qu’il y avait de contestable", il dit également comprendre la "frustration" des familles des jeunes victimes. Pour lui, le procès aurait pu être "le fondement d’un vrai débat social que l’on doit avoir dans un cadre judiciaire".

Justine Chevalier