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Police-Justice

Suicide d'une policière à Cagnes-sur-Mer : témoignages

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Nelly, fonctionnaire de police de 39 ans à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) s'est suicidée ce lundi dans son véhicule de service, laissant un courrier dans lequel elle dénonce des conditions de travail difficiles. Sous le choc, ses collègues témoignent d’un « ras-le-bol général »…

Une policière du commissariat de Cagnes-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes, s'est suicidé ce lundi matin. Nelly, 39 ans, s'est servie de son arme de service pour mettre fin à ses jours. Le drame a eu lieu dans sa voiture de fonction.

« Rien ne présageait ça, si ce n’est... »

Aujourd'hui à la retraite, Annick Richard travaillait avec Nelly et la connaissait depuis une vingtaine d'année. Sous le choc, en larmes, elle décrit « une fille sportive, qui faisait des sorties avec ses collègues et avait des projets immobiliers avec son conjoint… Tout semblait allait bien ; rien ne présageait ça ; si ce n’est qu’il y ait un gros problème au boulot ».

En effet, dans son véhicule, Nelly a laissé une lettre dans laquelle elle dénonce ses conditions de travail, la pression du chiffre, des statistiques, la culture du résultat qu’on lui impose dans ses missions… Et elle donne des noms, dénonce sa hiérarchie, ses collègues. Dernièrement, on l'a changée de poste. Elle a du quitter le service "identité judicaire", où elle s'occupait des "relevés d'empruntes", pour rejoindre la cellule anti-cambriolage. Apparemment, elle aurait très mal vécu ce transfert imposé par sa hiérarchie. D'après des policiers, ce changement de situation pourrait être à l'origine de ce suicide.

« Un ras-le-bol général par rapport à l’institution judiciaire »

« Une lettre qui n’expliquait pas, ni ne justifiait son geste, précise Frédéric Guérin, secrétaire départemental d'Unité SGP Police, mais qui faisait remonter quand même un ras-le-bol général par rapport à l’institution judiciaire, à la pression hiérarchique, à la politique du chiffre qui est mise en place. Et c’est quand même lourd de symboles, puisque c’est en service, avec son arme de service, en évoquant les problèmes qu’elle vivait au quotidien et en citant à la fin un problème hiérarchique directement avec son chef de service ».

« Pas le droit à l’erreur et aucun soutien de la hiérarchie »

Comme d’autres collègues de Nelly, Annick Richard comprend la détresse de cette policière. Ne supportant plus elle-même les conditions de travail au commissariat de Cagnes-sur-Mer, elle est tombée en dépression pendant 10 ans : « Il n’y a pas d’effectifs, il faut du rendement, il faut être performant, on n’a pas le droit à l’erreur… Mais il arrive un moment où c’est trop ; et on en a tous marre. La collègue de Nelly, qui travaillait aussi à l’identité judiciaire, est aussi en dépression. Et on n’a aucun soutien de la hiérarchie ; quand on parle d’un problème, ils nous entendent mais ils ne nous écoutent pas. Ils ne veulent pas comprendre quand les collègues vont mal. Il y a un gros malaise dans cette corporation ».

La Rédaction, avec Eléna Le Runigo