Soupçon de fichage illégal pour Monsanto: ouverture d'une enquête judiciaire
Le parquet de Paris a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête sur des soupçons de fichage illégal pour le géant américain Monsanto. Des centaines de personnalités et médias ont ainsi été recensées, notamment pour leur position vis-à-vis du glyphosate, des OGM ou de leur propension à être influencés.
Le parquet a annoncé avoir ouvert cette enquête vendredi après-midi au lendemain de la révélation de ces pratiques dans le quotidien Le Monde et une enquête de France 2. Elle fait notamment suite à la plainte déposée par Le Monde et un de ses journalistes, qui figurait dans les fichiers incriminés, a précisé le parquet de Paris.
"Collecte de données personnelles par un moyen frauduleux"
L'enquête préliminaire vise les délits de "collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite", "enregistrement de données à caractère personnel sensible sans l'accord de l'intéressé et transfert illicite de données à caractère personnel" et de "traitement automatisé de données personnelles sans déclaration préalable à la CNIL".
Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne.
Loisirs, adresses et numéros de téléphone
La multinationale Monsanto, filiale depuis l'an dernier du groupe pharmaceutique allemand Bayer, est accusée d'avoir secrètement fait réaliser des listes par l'agence de communication Fleishman Hillard.
Y figurent des centaines de responsables politiques, scientifiques et journalistes, dont quatre de l'AFP, pour lesquels sont indiqués entre autres leur position sur les pesticides, leur niveau de soutien à Monsanto, leurs loisirs, mais aussi leurs adresses et numéros de téléphone, y compris sur liste rouge, selon l'enquête de France 2.
Un tableau met en lumière 74 "cibles prioritaires" divisées en quatre groupes: les "alliés", les "potentiels alliés à recruter", les personnalités "à éduquer" et celles "à surveiller".
D'autres plaintes à suivre?
A la suite de ces révélations, plusieurs personnalités, des médias français, dont Radio France et des ONG, ont porté plainte ou annoncé leur intention de le faire. La CNIL, l'agence publique de protection des données saisie en particulier par Le Parisien/Aujourd'hui en France, a indiqué qu'elle allait également diligenter une enquête sur cette affaire.
Désherbant le plus utilisé au monde, le glyphosate est classé "cancérigène probable" depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est commercialisé sous diverses marques, notamment le Roundup, produit par Monsanto.