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Police-Justice

Sodimédical : 9 mois sans salaire, ils gagnent en justice

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C’est une première en France : la justice a imposé au groupe allemand Lohmann & Rauscher de relocaliser son usine Sodimédical en France et payer les 9 mois de salaires dus. « On mangeait aux Restos du Cœur », racontent les salariés.

Victoire pour les salariés de Sodimédical : ils vont pouvoir toucher leurs salaires impayés. La Cour d’appel de Reims a ordonné mercredi que le groupe allemand Lohmann & Rauscher, propriétaire du site, leur paye tous les salaires non versés depuis 9 mois. Encore mieux : elle a ordonné que l'entreprise relocalise sur le territoire français ses activités. En clair, la justice ordonne au groupe Lohmann & Rauscher de rouvrir le site Plancy-L'Abbaye dans l'Aube. S’il ne s’exécute pas, il devra payer 1 000 euros d'astreinte par jour de retard. C’est une première en France.

4 plans sociaux successifs

Les 52 salariés (principalement des femmes) de cette entreprise spécialisée dans la fabrication de pièces pour les blocs opératoires n'avaient plus de travail depuis l'été 2011. A l’époque, la Chine est préférée pour la production car moins chère. Mais la justice française s'en mêle et refuse 4 plans sociaux successifs, pour manque de « cause économique réelle et sérieuse » à ces licenciements. Sauf qu’en avril 2011, le groupe ne donne plus de travail aux sodimédicales. Le directeur s’en va et les salaires ne sont plus versés pendant 9 mois. Le 25 janvier 2012, les salariés pensent voir leurs derniers espoirs s’effondrer lorsque le Conseil des prud'hommes de Troyes rejette leur demande.

« Heureusement qu’il y avait Les Restos du Cœur »

Le jugement de la Cour d’appel vient changer la donne. « Tout devient possible », explique Angélique, responsable de production de l’usine. « 9 mois de calvaire sans salaire, voir la détresse des autres, voir les gens pleurer parce qu’ils ne peuvent pas payer leurs factures. Ça va permettre de respirer. On va enfin pouvoir offrir à nos enfants un semblant de vacances et faire quelques activités avec eux. » Un de ses collègues, lui, va déjà pouvoir manger : « Heureusement qu’il y avait Les Restos du Cœur », avoue-t-il.

« Payer les salaires, c’est la moindre des choses »

Phillipe Brun est l'avocat des salariés. Pour lui, cette décision est historique : « C’est l’état de droit, ça veut dire "Stop, interdiction de licencier quand on n’a pas de raison économique, obligation de relocaliser son activité, fournir le travail promis, et payer les salaires". C’est la moindre des choses ». Un aboutissement, après 27 mois de combat judiciaire : « C’est la première victoire du redressement productif. »

La Rédaction, avec Antoine Perrin