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Police-Justice

Six ans de prison requis pour un supposé projet d'attentat

L'accusation a demandé vendredi six ans de prison à Paris contre un physicien nucléaire franco-algérien, Adlène Hicheur, soupçonné d'avoir préparé en 2009 un attentat en France lors de conversations sur internet avec un islamiste basé en Algérie. /Photo d

L'accusation a demandé vendredi six ans de prison à Paris contre un physicien nucléaire franco-algérien, Adlène Hicheur, soupçonné d'avoir préparé en 2009 un attentat en France lors de conversations sur internet avec un islamiste basé en Algérie. /Photo d - -

PARIS (Reuters) - L'accusation a demandé vendredi six ans de prison à Paris contre un physicien nucléaire franco-algérien, Adlène Hicheur, soupçonné...

PARIS (Reuters) - L'accusation a demandé vendredi six ans de prison à Paris contre un physicien nucléaire franco-algérien, Adlène Hicheur, soupçonné d'avoir préparé en 2009 un attentat en France lors de conversations sur internet avec un islamiste basé en Algérie.

Ce procès en correctionnelle se déroule depuis jeudi dans un climat de tension lié à sept meurtres commis à Toulouse et Montauban par Mohamed Merah, un islamiste radical, ainsi que par une opération de police vendredi matin dans toute la France contre un supposé groupe violent.

Le jugement devait être mis en délibéré dans la soirée.

La défense plaide la relaxe car Adlène Hicheur, 35 ans, qui n'a jamais bougé de son siège et de son écran d'ordinateur et n'a jamais rencontré physiquement son interlocuteur islamiste, se dit victime d'un délit d'opinion. Le substitut du procureur Guillaume Portenseigne a répondu en insistant sur la précision de ses projets.

"Il a été un conseiller technique en attentats, il a fourni une feuille de route, un vademecum terroriste. Il n'y a rien d'intellectuel dans ses conversations, tout est très concret. Je ne vois pas en lui une victime, un bouc émissaire de la lutte antiterroriste", a-t-il dit dans son réquisitoire.

Adlène Hicheur, titulaire d'un doctorat et qui travaillait au moment des faits au Centre européen de recherche nucléaire (CERN) à Genève, parlait dans des conversations cryptées sur internet avec un militant d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mustapha Debchi.

Il est notamment question de l'ouverture d'un compte bancaire anonyme en Suisse et de transferts d'argent, ainsi que de projets d'attentats, Adlène Hicheur suggérant de cibler une unité militaire française basée près d'Annecy, engagée en Afghanistan. Le compte bancaire a effectivement été ouvert fin 2009.

Adlène Hicheur a aussi servi d'intermédiaire sur internet pour passer des messages d'Aqmi à des islamistes somaliens, a rappelé le procureur, s'appuyant sur l'historique des dialogues que le prévenu ne conteste pas mais qu'il qualifie de simples discussions sans objet matériel.

Appuyés par la Ligue des droits de l'homme et un comité de soutien, les proches et la famille du prévenu sont venus le soutenir en nombre au tribunal.

Détenu depuis octobre 2009 et poursuivi pour "association de malfaiteurs en vue de commettre un acte de terrorisme", Adlène Hicheur encourt jusqu'à dix ans de prison.

Le procès doit permettre de "cadrer" les poursuites judiciaires antiterroristes en France, qui ont pour objet, avec l'incrimination "d'association de malfaiteurs", de prévenir les actions avant qu'elles ne soient commises.

Depuis la création de ce dispositif dans les années 1980, qui reste quasi unique au monde, les avocats et les associations de défense des droits de l'homme mettent en garde la justice contre le risque de création d'une forme de délit d'opinion.

Thierry Lévêque