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Police-Justice

Servier ne reconnaît que quatre décès imputables au Mediator

Jacques Servier a une fois de plus minimisé jeudi sa responsabilité dans le scandale du Mediator en ne reconnaissant que quatre décès éventuellement imputables à son médicament lors de son audition par le Sénat. /Photo d'archives/REUTERS/Pascal Rossignol

Jacques Servier a une fois de plus minimisé jeudi sa responsabilité dans le scandale du Mediator en ne reconnaissant que quatre décès éventuellement imputables à son médicament lors de son audition par le Sénat. /Photo d'archives/REUTERS/Pascal Rossignol - -

Jacques Servier a une fois de plus minimisé jeudi sa responsabilité dans le scandale du Mediator en ne reconnaissant que quatre décès éventuellement imputables à son médicament lors de son audition par le Sénat.

Le laboratoire pharmaceutique a annoncé mercredi qu'il acceptait d'indemniser les patients ayant pris du Mediator, un médicament qui aurait fait de 500 à 2.000 morts en France, s'ils renonçaient à toute action judiciaire à son encontre.

Jacques Servier estime à 38 le nombre de décès de patients ayant pris du Mediator mais n'en reconnaît que quatre qui pourraient être directement liés à la prise du médicament qu'il fabriquait, a déclaré à Reuters François Autain, président de la mission du Sénat sur le Mediator.

"Actuellement il doit y en avoir 38 (décès) qui sont recensés (par Servier) et parmi ces 38, il en reconnaît éventuellement quatre comme imputables au Mediator", a dit le sénateur du Parti de gauche après une audition de deux heures.

Jacques Servier a confirmé devant les sénateurs la mise en place d'un fonds d'indemnisation doté dans un premier temps de 20 millions d'euros et ouvert à tous les patients.

"Il a répété qu'il avait débloqué 20 millions d'euros destinés à dédommager les victimes dans la mesure ou ces victimes renonceraient à engager des actions, ce qui, évidemment, hypothèque gravement cette mesure", a dit François Autain.

"Il est évident que 20 millions, par rapport au nombre possible de victimes, qui est d'ailleurs fortement contesté, ça apparait quand même insuffisant", a-t-il ajouté.

CHANTAGE

Les défenseurs des victimes du Mediator ont qualifié de chantage la proposition de Servier, tout en soulignant qu'elle indiquait que le deuxième laboratoire français reconnaissait sa responsabilité dans le scandale de santé publique.

Servier avait annoncé la création du fonds d'indemnisation début février. Il doit encore obtenir le feu vert des ministères de la Santé et de la Justice. Les indemnisations seront soumises à des expertises judiciaires, qui sont de plus en plus mises en cause par les victimes.

Selon le rapport remis à la mi-janvier par l'Inspection des Affaires sociales (Igas), Servier a commercialisé pendant plus de trente ans en France le Mediator comme un antidiabétique alors qu'il s'agissait d'un puissant coupe-faim dont il connaissait la dangerosité.

Devant les sénateurs, Jacques Servier a répété jeudi que le Mediator était un antidiabétique et non un coupe-faim, sans s'expliquer sur les raisons pour lesquelles il avait été prescrit comme tel, a rapporté François Autain.

On estime que cinq millions de personnes ont pris du Mediator en France entre 1976 et 2009, date de son retrait du marché. Selon deux études, il a fait entre 500 et 2.000 morts.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a demandé la semaine dernière à Servier de "changer d'attitude" face aux souffrances des victimes.

Auditionné une première fois par l'Assemblée nationale le 2 mars dernier, Jacques Servier avait déjà contesté le rapport de l'Igas et minimisé le nombre de morts.

Deux informations judiciaires contre X ont été ouvertes à Paris pour "tromperie aggravée" et "blessures et homicides involontaires".

Une autre procédure avait été lancée auparavant devant le tribunal de Nanterre, où devrait s'ouvrir un procès pour "tromperie" en septembre prochain si la cour ne se dessaisit pas au profit du tribunal de Paris.

REUTERS