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Police-Justice

Servier indemnisera les victimes du Mediator sous conditions

Jacques Servier (au centre), patron des laboratoires Servier, lors de son audition à l'Assemblée, le 2 mars. Le groupe pharmaceutique a annoncé mercredi qu'il indemniserait les patients ayant pris du Mediator, son coupe-faim auquel sont imputés 500 à 2.00

Jacques Servier (au centre), patron des laboratoires Servier, lors de son audition à l'Assemblée, le 2 mars. Le groupe pharmaceutique a annoncé mercredi qu'il indemniserait les patients ayant pris du Mediator, son coupe-faim auquel sont imputés 500 à 2.00 - -

PARIS (Reuters) - Servier a annoncé mercredi qu'il acceptait d'indemniser les patients ayant pris du Mediator, un médicament qui aurait fait de 500...

PARIS (Reuters) - Servier a annoncé mercredi qu'il acceptait d'indemniser les patients ayant pris du Mediator, un médicament qui aurait fait de 500 à 2.000 morts en France, s'ils renoncent à toute action judiciaire à son encontre.

Le deuxième laboratoire français confirme dans un communiqué la mise en place d'un fonds d'indemnisation doté dans un premier temps de 20 millions d'euros et ouvert à tous les patients.

"Les personnes qui auront de manière facultative décidé de bénéficier de ce fonds renonceront à toute action judiciaire", précise cependant le texte.

Servier avait annoncé la création du fonds d'indemnisation début février. Il doit encore obtenir le feu vert des ministères de la Santé et de la Justice.

Les indemnisations seront soumises à des expertises judiciaires, qui sont de plus en plus mises en cause par les victimes.

Selon le rapport remis à la mi-janvier par l'Inspection des Affaires sociales (Igas), Servier a commercialisé pendant plus de trente ans en France le Mediator comme un antidiabétique alors qu'il s'agissait d'un puissant coupe-faim dont il connaissait la dangerosité.

On estime que cinq millions de personnes ont pris du Mediator en France entre 1976 et 2009, date de son retrait du marché. Selon deux études, il a fait entre 500 et 2.000 morts.

"Les Laboratoires Servier assumeront toute leur responsabilité" dans le cadre des procédures d'indemnisation, qui bénéficieront "par dérogation au droit commun et par souci d'équité" à tous les patients, peut-on lire dans le communiqué.

L'offre de Servier concerne donc les patients ayant pris du Mediator pour ses fonctions antidiabétiques et ceux à qui le médicament "a été prescrit en dehors des indications prévues dans l'autorisation de mise sur le marché".

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a demandé la semaine dernière à Servier de "changer d'attitude" face aux souffrances des victimes mais, convoqué devant l'Assemblée nationale, le fondateur du laboratoire, Jacques Servier, a continué à se défendre pied à pied.

Il a contesté le rapport de l'Igas et minimisé le nombre de morts.

Deux informations judiciaires contre X ont été ouvertes à Paris pour "tromperie aggravée" et "blessures et homicides involontaires".

Une autre procédure avait été lancée auparavant devant le tribunal de Nanterre, où devrait s'ouvrir un procès pour "tromperie" en septembre prochain si la cour ne se dessaisit pas au profit du tribunal de Paris.

Laure Bretton, édité par Yves Clarisse