BFMTV
Police-Justice

Sécurité routière : le nouveau radar est invisible

Avec ce nouveau radar embarqué, une antenne cachée sous la plaque d'immatriculation calculera la vitesse des voitures qui doublent, puis transmettra l’information au flash placé sur le tableau de bord.

Avec ce nouveau radar embarqué, une antenne cachée sous la plaque d'immatriculation calculera la vitesse des voitures qui doublent, puis transmettra l’information au flash placé sur le tableau de bord. - -

Pour lutter contre les grands excès de vitesse, de nouveaux radars embarqués à bord de véhicules de police et indétectables vont progressivement être déployés à partir du 15 mars. 300 véhicules seront équipés d'ici à trois ans. Les uns se félicitent de cette nouvelle « arme », les autres parlent de « pièges ».

Pas de panneaux pour indiquer leur présence, pas de « bon samaritain » pour faire des appels de phares, même les avertisseurs de radars Coyotes sont inefficaces contre eux… Ils sont tout simplement indétectables. Embarqués à bord d'une voiture de police banalisée, les nouveaux radars mobiles, qui se fondent dans la circulation et flashent les automobilistes en roulant, sont présentés comme la nouvelle arme pour lutter contre les grands excès de vitesse. Ces premiers radars « mobiles-mobiles » ou « mobiles de nouvelle génération » entreront en vigueur le 15 mars prochain dans 18 départements. Au total, 300 véhicules de type Mégane seront équipés et devraient être déployés d'ici à trois ans.
« L'objectif est de se fondre parmi les automobilistes », explique Aurélien Wattez, chef du département du contrôle automatisé à la Sécurité routière. Et ça marche, puisque la discrétion est totale. Au volant du véhicule, deux policiers roulent à la vitesse autorisée. Dès qu’une voiture en excès de vitesse les double, une antenne radar, cachée dans la plaque d’immatriculation, relève l'excès de vitesse, un flash invisible se déclenche et la vitesse apparaît sur l'écran des policiers qui peuvent constater l’infraction.

« Un sentiment de piège qui est contre-productif »

La vitesse excessive est une cause majeure de la mortalité routière, responsable de 26% des accidents mortels en 2012, soit près de 1 000 décès. Depuis 2003, les radars automatiques ont contribué à une baisse des vitesses moyennes de plus de 10 km/h. « Cela représente 45 à 50% de morts en moins à cause de la vitesse. Mais certaines personnes n'ont pas évolué autant que la plupart des usagers, donc on est là pour cibler cette population », affirme Aurélien Wattez.
Seule limite de ce nouveau dispositif : la marge technique étant plus importante que sur les anciens radars, seuls les grands excès de vitesse seront détectés. Et dans un premier temps, seuls les véhicules qui doublent la voiture banalisée seront contrôlés. D'où le scepticisme de Pierre Chasseray, directeur général de l'association « 40 millions d'automobilistes ». « Cela ouvre la voie à des contestations. Au final, si le conducteur n'est pas formellement identifié, le propriétaire paiera l'amende, mais il n'aura pas de retrait de points ». « Si l'objectif est de traquer les chauffards, les vrais délinquants de la route qui peuvent se transformer en criminels, c'est évidemment une bonne chose. Si le but est de piéger monsieur et madame Toutlemonde, alors il y aura un sentiment de piège qui est contre-productif », ajoute-t-il.

« La meilleure parade possible contre les avertisseurs de radars »

Du côté des associations de victimes de la route, on salue en revanche ce nouveau dispositif. « Nous les attendions depuis des années, déclare Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Il fallait une nouvelle technologie pour que, partout et à tout moment, les automobilistes respectent les limitations de vitesse. Nous saluons toute technologie permettant de sauver des vies et épargner des handicaps ». « Ils ne sont certes pas aussi précis que les radars fixes, mais l'avantage c'est qu'un automobiliste qui vient de passer un radar fixe pourra à nouveau être contrôlé un kilomètre plus loin », se félicite-t-elle.
Pour l'association « Victimes et citoyens », ce nouvel outil est « la meilleure parade possible contre les systèmes d'avertisseurs de radars car il y aura une présomption de contrôle permanent ». « Il reste une minorité de gens qui ne respectent les limitations que là où il y a un radar fixe, rappelle Aurélien Wattez. Ce système est là pour leur rappeler qu'il faut respecter les vitesses partout et pas uniquement là où c'est signalé ».

Tous les détails sur ce nouveau radar en vidéo, avec BFMTV

Philippe Gril avec AFP et BFMTV