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Police-Justice

"Sans cette caméra, je serais incarcéré": un an après, Michel Zecler revient sur son agression par des policiers

Le producteur de musique, violemment frappé par des policiers en novembre 2020, revient un an plus tard sur ce passage à tabac qui lui a laissé de nombreuses séquelles et a marqué l'opinion publique.

Trouver les mots aux maux. Michel Zecler, invité ce lundi soir de 22H Max sur BFMTV, est revenu sur son agression par des policiers survenue il y a un an et qu'il raconte dans Rester debout, un livre où il retrace son parcours, de sa jeunesse "assez chaotique", jusqu'à cette soirée du 21 novembre 2020.

Passé à tabac par des membres des forces de l'ordre au prétexte qu'il ne portait pas de masque en pleine pandémie de Covid-19, le producteur ne comprend toujours pas cet excès de violence: "je n'avais pas de masque, c'est sûr que ça méritait une amende, mais je ne suis pas sûr que tout ce qui a suivi... Les insultes, les coups.... Tout ça n'était pas nécessaire".

"Il n'y a pas eu de dialogue entre nous. Beaucoup me demandent 'Qu'est-ce qui s'est passé dehors?' Bah rien, moi je les ai juste aperçus dans leur voiture et puis j'ai filé comme je pense n'importe qui aurait fait", poursuit-il sur notre antenne.

"Combien de Michel Zecler y a-t-il aujourd'hui en prison?"

Ce n'est que lorsque le producteur entre dans son studio, où se trouvent plusieurs jeunes en train de travailler dans une salle au sous-sol, que les policiers l'interpellent brutalement. Une scène filmée par la caméra de vidéosurveillance installée chez lui.

"Aujourd'hui, sans cette caméra, je serais incarcéré", estime Michel Zecler. "Ce n'est pas tant les coups, la violence et les insultes racistes qui sont le plus graves, mais c'est plus le fait que ces policiers se soient sentis à l'aise [...] et puis c'est toute cette complaisance qu'il y a autour d'eux".

Le producteur de musique ne peut s'empêcher de s'interroger sur le nombre de personnes qui, elles, n'ont pas pu bénéficier d'images pour se défendre: "combien de Michel Zecler y a-t-il aujourd'hui en prison?" S'il se présente comme étant peut-être "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", le producteur noir se questionne sur les autres affaires médiatiques de violences policières.

"Je ne comprends pas cette violence excessive"

"Cédric Chouviat, Liu Shiaoyao, Ibrahima Bah... Tout un tas d'histoires que je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi cette violence est aussi excessive."

S'il souligne "une première avancée" avec l'emploi du terme "violences policières" par Emmanuel Macron peu après les faits, Michel Zecler garde en particulier en mémoire les mots employés par ses agresseurs. Selon nos confrères de l'AFP, les quatre policiers mis en examen pour cette affaire sont toujours suspendus administrativement mais bénéficient de leur plein traitement.

"Ils ont reconnu la violence illégitime, le seul point où nous sommes en désaccord c'est sur les insultes à caractère raciste", a déclaré Michel Zecler, qui explique ne pas avoir vécu leur interdiction d'exercer comme une victoire.

Aujourd'hui, le producteur noir confie ne pas avoir retrouvé "la routine" qu'il avait avant l'agression: "il faudrait que les policers en question reconnaissent totalement ce qu'ils ont fait et que le jugement passe, peut-être que là, ce sera le début de quelque chose de nouveau."

Hugues Garnier Journaliste BFMTV