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Police-Justice

Sainte-Soline: prison avec sursis pour trois manifestants anti bassines

Le porte-parole du collectif "Bassines non merci" Julien Le Guet, à Niort, le 8 septembre 2023

Le porte-parole du collectif "Bassines non merci" Julien Le Guet, à Niort, le 8 septembre 2023 - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Trois opposants aux bassines ont été condamnés pour l'organisation de manifestations interdites à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres.

Trois opposants aux "bassines", réserves d'irrigation controversées, ont été condamnés mercredi 17 janvier à des peines comprises entre 6 et 12 mois d'emprisonnement avec sursis. Ils avaient participé à l'organisation de manifestations interdites à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), émaillées de violents heurts avec les forces de l'ordre.

Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines non merci", a été condamné à 12 mois avec sursis, conformément aux réquisitions, et à une interdiction de paraître à Sainte-Soline et Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) pendant trois ans. Joan Monga, alias Basile Dutertre, et Nicolas Garrigues, alias Benoît Feuillu, deux membres du collectif Les Soulèvements de la Terre, ont eux été condamnés respectivement à neuf mois et six mois de prison avec sursis.

Un jugement "politique", selon un manifestant condamné

Six à douze mois de prison avec sursis avaient été requis fin novembre à l'encontre des trois hommes qui s'étaient présentés à l'audience comme des "lanceurs d'alerte", niant être les organisateurs des manifestations interdites.

"Nous espérions avoir un juge indépendant. Au contraire, nous avons eu un jugement politique avec un juge aligné sur des positions gouvernementales à l'envers du bon sens et de l'urgence climatique", a réagi Julien Le Guet, dénonçant "l'argumentaire clairement pro-bassines du juge".

Vêtu d'un sweat-shirt portant la mention "éco-terroriste", il a appelé à "ne pas laisser ce jugement en place" et à "continuer la bataille sur le terrain, sur le plan juridique et politique".

Des amendes pour six autres prévenus

Le tribunal correctionnel de Niort a également prononcé des amendes contre les six autres prévenus pour leur implication dans quatre mobilisations survenues autour des chantiers contestés dans le Poitou entre le 26 mars 2022 et le 25 mars 2023.

Parmi ces six autres prévenus figuraient deux membres de la Confédération paysanne, deux syndicalistes locaux affiliés respectivement à la CGT et Solidaires, un membre de BNM et un agriculteur bio.

Les méga-bassines, ces "réserves de substitution", qui visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver afin d'irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une assurance-récolte indispensable à leur survie face aux sécheresses à répétition. A l'inverse, leurs détracteurs décrivent un "accaparement" de l'eau par l'agro-industrie.

Prochaine manifestation en juillet?

Après de premières violences lors de la manifestation d'octobre 2022 à Sainte-Soline, la manifestation de mars 2023 avait dégénéré rapidement en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants ont passé plusieurs semaines dans le coma. Dans un rapport, la Ligue des Droits de l'Homme a dénoncé un "usage disproportionné" des armes (grenades lacrymogènes, LBD) par les forces de l'ordre.

Une commission d'enquête parlementaire a conclu pour sa part mi-novembre à la "responsabilité écrasante" des trois mouvements qui avaient appelé à manifester à Sainte-Soline, en dépit d'interdictions préfectorales.

Une prochaine mobilisation contre les "bassines" est annoncée en juillet prochain dans le Poitou, juste avant les Jeux olympiques de Paris.

F.B. avec AFP