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Rouen: ce que l'on sait de l'impressionnant incendie d'une usine classée Seveso

L'incendie de l'usine Lubrizol

L'incendie de l'usine Lubrizol - Philippe LOPEZ / AFP

Le feu qui s'est déclaré vers 2h40 était toujours en cours. La Préfecture recommande aux habitants de 13 communes dont Rouen de rester confinés chez eux.

Un incendie toujours en cours jeudi matin mais fixé, s'est déclenché vers 2h40 à Rouen (Seine-Maritime) sur un site industriel "Seveso seuil haut". Plusieurs personnes ont été évacuées mais aucune victime n'était à déplorer pour l'instant. Un important panache de fumée était toujours visible depuis l'agglomération rouennaise.

  • L'usine fabrique des additifs pour lubrifiants 

L'incendie s'est déclaré au sein de l'usine Lubrizol, qui fabrique et conditionne des additifs pour lubrifiants. Créée en 1954, elle est classée "Seveso seuil haut", le second niveau sur deux de la directive européenne qui recense les sites industriels jugés dangereux et légifère à leur propos.

L'incendie toucherait un lieu de stockage de marchandise et non de transformation de produits. Les installations voisines ont été sécurisées pour leur éviter d'être touché par les flammes.

Le site avait déjà été le théâtre, en 2013, d'un précédent incident: la décomposition chimique d'une substance avait provoqué l'émission d'un nuage de gaz très odorant, qui avait été perceptible par plusieurs centaines de milliers de personnes, du sud du Royaume-Uni à la région parisienne.

  • Treize communes sont confinées

Les deux sirènes d’alerte du Petit-Quevilly et de Rouen ont été déclenchées pour avertir la population d’un danger. Le préfet de la Seine-Maritime a déclenché le plan particulier d'intervention (PPI) et ouvert un centre opérationnel départemental en préfecture afin de coordonner l’action des services impliqués.

"Il est recommandé d'éviter les déplacements qui ne seraient pas indispensables", a assuré le préfet de la région Normandie Pierre-André Durand. Les écoles lycées, collèges universités et crèches de la région resteront fermées ce jeudi. Une mise à l'abri est recommandée pour les Ephad et les autres sites d'accueil.

Les habitants dans un périmètre de 500 mètres autour de l'usine ont été évacués et les habitants de treize communes alentours - Rouen, Bois-Guillaume, Mont-Saint-Aignan, Isneauville, Quincampoix, Saint-Georges-sur-Fontaine, Saint-André-sur-Cailly, La Rue-Saint-Pierre, Saint-Germain-sous-Cailly, Cailly, Bosc-Guérard-Saint-Adrien, Canteleu et Bihorel - sont invités à rester chez eux. Sur le terrain 200 pompiers sont toujours mobilisés.

  • "Il n'y a pas de toxicité aiguë", assurent les autorités

"Ce sont des additifs pour huile qui brûlent et c’est extrêmement spectaculaire mais il n’y a pas de toxicité aiguë sur les principales molécules relevées", a précisé le préfet de Normandie après les premiers prélèvements réalisés.

"Elles peuvent contenir des produits comme des sels de métaux, de potassium, de sodium...", explique notre journaliste santé Margaux de Frouville. "Des substances peu toxiques à l'état brut, liquide notamment", mais qui peuvent provoquer en cas de combustion des "irritations" des voies respiratoires ou une réaction chez les personnes à risques. Interrogé par BFMTV, un riverain de l'usine a ainsi assuré avoir les yeux et la langue qui piquent et sentir une odeur "lourde et bien chimique".

À plus long-terme, en cas d'exposition prolongée, ces fumées sont "potentiellement cancérogènes", car "elles dégagent des hydrocarbures polycliques", précise Margaux de Frouville. Mais il n'y a pas d'inquiétudes à avoir en cas de respect des consignes de sécurité, insiste-t-elle.

"Ne paniquons pas", a déclaré de son côté le ministre de l'Intérieur qui a assuré avoir demandé que toutes les mesures de contrôles nécessaires soient prises pour vérifier la toxicité des fumées. Christophe Castaner a également ajouté qu'une enquête devra être ouverte pour déterminer les causes de l'incendie.

  • Un risque de pollution de la Seine

Les vents soufflent en direction du nord-est et doivent se renforcer dans les prochaines heures. La pluie attendue dans la journée devrait pousser les polluants de la fumée vers le sol et cette pollution devrait se retrouver vers le nord et le nord est de Rouen a proximité immédiate de l'incendie.

Plus tôt dans la matinée, le préfet a évoqué un risque de pollution de la Seine: "Les bassins de rétention destinés à récupérer les produits toxiques sont aujourd'hui saturés. Il est possible qu'il y ait des retombées dans la Seine", a prévenu Pierre-André Durand.

Guillaume Dussourt