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Roubaix: un habitant dénonce l'"inaction politique" de la ville face à l'islam radical, le maire se défend

Amine Elbahi, juriste en droit public à Roubaix (Nord), dénonce notamment l'octroi d'une subvention à une association accusée de prosélytisme islamique. Son témoignage a été mis en lumière par la récente diffusion d'un reportage de l'émission Zone Interdite.

Il veut alerter sur le développement de l'islam radical dans sa ville. Amine Elbahi, habitant de Roubaix (Nord), est revenu ce lundi dans BFM Story sur son passage dans un reportage de Zone Interdite consacré à ce sujet dans cette commune de 100.000 habitants.

Déjà auteur d'une tribune écrite en 2016 dans les colonnes de Libération où il avait appelé les pouvoirs publics à agir à la suite du départ de sa sœur pour la Syrie, le juriste en droit public a dénoncé l'inaction politique du maire de Roubaix, épinglé pour l'octroi de subvention à une association accusée de prosélytisme islamique.

"La situation de l'association 'Ambitions et Initiatives pour la Réussite' (AIR) n'est ni plus ni moins que la conséquence de l'action de Guillaume Delbar", a estimé Amine Elbahi sur notre antenne.

"Cette association a été subventionnée par le maire à hauteur de 64.640 euros en 2020 [...] cette subvention était avant tout accordée pour des cours de soutien scolaire. Sauf que plusieurs éléments indiquaient qu'il n'y avait pas que du soutien scolaire mais aussi des cours de langue arabe, des cours qui étaient dévoyés en cours de religion, en cours coranique."

"Il sera jugé parce qu'il n'a malheureusement pas agi"

Racontant avoir alerté à plusieurs reprises l'édile, le juriste a finalement fait remonter son témoignage à la préfecture du Nord. Celle-ci, après la diffusion du reportage de Zone Interdite, a confirmé sur Twitter "que des contrôles réalisés par les services de l'État ont mis en évidence que l'association AIR dispensait des cours d'arabe à caractère cultuel" et que ces faits avaient été signalé au parquet.

"Le maire de Roubaix sera jugé parce qu'il n'a malheureusement pas agi", a poursuivi sur BFMTV Amine Elbahi, ne pensant toutefois pas qu'il s'agit là d'une manœuvre électoraliste. "En n'agissant pas, le maire de Roubaix se tire une balle dans le pied", a considéré le juriste qui rappelle que Gérald Darmanin "a le pouvoir de révoquer le maire de Roubaix, de dissoudre le conseil municipal".

Affirmant être "menacé de mort" et "de décapitation", Amine Elbahi dit toutefois respecter la présomption d'innocence, même s'il dénonce "des comportements politiques qui sont tout à fait inacceptables dans notre démocratie".

Le maire critique les "lanceurs d'alerte en mal de publicité"

Dans un communiqué publié ce lundi, Guillaume Delbar a fustigé le "Roubaix bashing", s'exerçant selon elle "au détriment d’abord de ses habitants et de ceux qui agissent, sur le terrain".

"Cette association a été soutenue de manière unanime par les collectivités durant des années. Alors oui, je peux avoir été trompé, j’ai pu me tromper. Mais le débat ne doit pas être manipulé par ceux qui voient des séparatistes partout", a estimé l'édile.

Le maire de Roubaix a également fustigé "ces lanceurs d’alerte en mal de publicité que l’on voit sur tous les médias, ces opposants politiques courageusement anonymes, ou encore ces extrémistes proches de certains candidats qui érigent la détestation de l’Autre en programme politique".

"Monter les uns contre les autres n’a jamais mené à rien. Parce que l’amalgame entre musulman, islam, islamisme et terroriste est repris par des populistes qui font naître des sentiments de haine dans un pays inquiet", a conclu Guillaume Delbar.

Le maire de Roubaix doit comparaître le 1er février à Lille au côté de trois dirigeants de l'association de soutien scolaire. Ces derniers, dont le président, seront jugés pour "abus de confiance".

Hugues Garnier Journaliste BFMTV