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Police-Justice

Rixes entre bandes rivales: un phénomène en expansion dans l'Essonne

Deux affrontements différents entre bandes de jeunes de l'Essonne ont entraîné la mort de deux adolescents en moins de 24h. Un phénomène en expansion qui semble aggravé par les réseaux sociaux.

Deux adolescents de moins de 15 ans sont morts au cours des dernières 24 heures lors d'affrontements entre bandes rivales en Essonne. Lundi soir, Lilibelle a succombé à un coup de couteau dans le ventre tandis que cet après-midi, un garçon est lui aussi décédé d'un coup de couteau, cette fois-ci dans le thorax. Un mois plus tôt, Yuriy, un collégien de 15 ans, a été passé à tabac dans le XVe arrondissement de Paris, braquant déjà les projecteurs sur le phénomène de bandes dans la capitale.

Autour d'eux, un point commun: des jeunes âgés de 13 à 16 ans qui s'opposent, armés et "bien décidés à en découdre", a constaté ce mardi soir la procureure d'Evry. La magistrate a par ailleurs pointé du doigt un phénomène qui "gangrène" le département de l'Essonne et qui "place les mineurs en première ligne".

"Surenchère des violences"

Une observation confirmée par les chiffres du ministère de l'Intérieur qui a recensé en 2020, 350 affrontements entre bandes rivales sur l'ensemble du territoire, dont 186 en Île-de-France et 99 rien que dans l'Essonne.

"Il y a 74 bandes d'adolescents et de jeunes adultes, dont l'essentiel, 70, est en Île-de-France", a ajouté ce mardi soir Gérarld Darmanin, en déplacement à Dourdan.

Ces règlements de comptes ne sont certes pas nouveaux, comme le souligne sur BFMTV le sociologue Gérard Mauger, observant qu'ils impliquent généralement "des jeunes disqualifiés par l'école et qui essaient de se refaire une santé sociale en valorisant ce qu'ils détiennent: leur force physique".

Toutefois, depuis quelques années, les rixes entre bandes rivales semblent prendre de l'ampleur notamment sous l'effet de l'essor des réseaux sociaux. Tik-Tok, Twitter, Snapchat, Télégram... offrent un terrain propice aux invectives verbales qui ravivent les haines.

"Cette surenchêre verbale dans le monde virtuel entraîne une surenchère des violences dans le monde réel", analyse Guillaume Farde, consultant sécurité chez BFMTV. "Avant une bande s'appropriait un espace qui était assez rarement visité par d'autres bandes. Maintenant, les réseaux sociaux mettent tout le monde en relation, on a des connexions qui ne se seraient pas faites sans eux."

"Rites de socialisation criminelle"

Ces affrontements virtuels trouvent rapidement des conséquences dans le réel avec des jeunes qui sont "de plus en plus seuls dans les quartiers. Ils sont complètement en insécurité. Le fait d'être en bande, ça les protège. La violence est une façon de retrouver du pouvoir et d'exister", explique sur notre antenne Yazid Kherfi, médiateur et président de l'association Médiation nomade. Ces bandes leur offrent une identité qui se substitue à une autre, quand les repères familiaux ou scolaires sont défaillants.

"Le phénomène est en expansion et, de plus en plus, ces bandes sont l'antichambre d'un nouveau banditisme avec des rites de socialisation criminelle", estime de son côté Jean-Michel Schlosser, ancien policier devenu sociologue.

Endeuillé par ces deux morts lundi soir et mardi, liées à des affrontements entre jeunes, le département de l'Essonne tente de contenir de nouveaux débordements. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé dès ce soir le déploiement de 100 policiers en renforts.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV