Reportage dans un camp de Roms

D’ici samedi, les 800 Roms qui vivent dans le camp de Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne, devraient être expulsés. Malgré des conditions sanitaires déplorables, ils ne veulent pas partir : « C’est toujours mieux que chez nous », témoignent-ils. Reportage sur place, en images.

Ce mardi, un nouveau camp de Roms a été démantelé à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Manuel Valls l’avait annoncé cet été : les expulsions de campements illicites décidées par la justice seront effectuées « avec fermeté ». Invité ce mardi sur RMC, le ministre de l'Intérieur l’a répété : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde et de l’Europe. 7 000 Roms ont été raccompagnés en septembre dans leur pays grâce à l’aide au retour. Il faut démanteler les campements quand, en plus, les conditions sanitaires ne sont pas respectées ».
Selon l'association Romeurope, 3 000 Roms sur les 15 000 comptabilisés en France ont été expulsés rien qu'au mois d'août. Les deux premiers campements évacués depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir étaient deux campements près de Lille, le 9 aout.

Reportage dans l’un des plus importants camps de Roms en France, qui doit bientôt être démantelé. 800 Roms se sont massés à Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne. Un arrêté préfectoral prévoit leur expulsion pour ce samedi au plus tard.

« On est rien, on ramasse les miettes ! »

Ce camp se situe dans une zone industrielle. C'est un amas de poubelle, à droite à gauche, qui vous guide vers le camp. Au bout, deux grandes allées de terres battues, des cabanes, des caravanes, des tas de ferraille, des poubelles encore, et des enfants qui courent partout. Pacouraro n'en peut plus : « Nous ne sommes rien, on est les plus faibles, on ramasse les miettes ! Pour vivre ? Hier, j’ai trouvé une petite télévision ; ça va me permettre de vendre du cuivre, pour gagner un peu plus d’argent ».
Un peu plus loin, Sonia, un enfant de 2 ans dans les bras, est dans le même état : « Pourquoi je suis obligée de voler de l’eau pour les enfants ? Parce que l’eau d’ici apporte des maladies ! ».

« Ici, les poubelles sont plus pleines qu'en Roumanie »

Ils sont 800 dans ce camp, abandonnés, explique Bernadette, qui travaille pour une association de défense des Roms : « Ils ont été coupés de toute aide extérieure. Puisqu’au-delà de 500 personnes, c’est très difficile de prendre en charge chaque personne, en se demandant quel est leur projet ».
Et pourtant, malgré les conditions, ils ne veulent pas partir, comme en témoigne Mircha : « Ici, c'est toujours mieux que chez nous. En France, les poubelles sont plus pleines qu'en Roumanie ».

La Rédaction, avec Thomas Chupin