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Police-Justice

Quatre couteaux, fusil AR-15... Dans le Puy-de-Dôme, les gendarmes témoins d'une "scène de guerre"

Ancien militaire, Frédérik L. était surarmé au moment où les gendarmes sont intervenus. Son profil de "survivaliste" catholique, aguerri au maniement des armes, est atypique en France.

Un fusil d'assaut AR-15, deux pistolets Glock, "des centaines et des centaines de douilles"... C'est l'air visiblement ébranlé que le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Eric Maillaud, a décrit les circonstances dans lesquelles les forces de l'ordre sont intervenues à Saint-Just dans la nuit de mardi à mercredi. Frédérik L., le forcené qui a abattu trois gendarmes, a déployé un degré de violence que l'on voit rarement en France.

"Il reste un très gros travail. C'est une véritable scène de guerre à laquelle nous avons tous été confrontés ce matin", a résumé Eric Maillaud lors de sa conférence de presse.

"Lourdement armé"

Cet individu "surarmé", selon le mot du procureur, détenait un arsenal peu commun. Ancien militaire, il pratiquait le tir de compétition dans le sud de la France. Cela va de pair avec un profil "extrêmement inquiétant", celui d'un survivaliste, qui se disait catholique "très pratiquant, on pourrait même dire presque extrémiste" et qui était persuadé "de la fin du monde prochaine".

Frédérik L., qui pratiquait des stages de survie, avait équipé son fusil d'assaut d'un silencieux et d'une visée laser. Il possédait également du matériel de vision nocturne. Lorsque son corps inanimé a été découvert ce mercredi, à proximité d'une de ses armes à feu, il portait à sa ceinture quatre couteaux selon le procureur.

"Autant dire qu'il était extrêmement lourdement armé", a insisté à nouveau ce dernier.

À l'écouter, on croirait à l'une de ces fusillades dont les Américains sont tragiquement si coutumiers. Avec ce qui les accompagne de débats enflammés sur la circulation massives d'armes à feu de catégorie guerrière, capables de décimer des dizaines de personnes en l'espace de quelques minutes. Le général de gendarmerie Bertrand Cavallier, interrogé sur notre antenne, n'en est pas si étonné.

"Il y a une américanisation de notre société. (...) Ces phénomènes préoccupants qui deviennent majeurs aux États-Unis commencent à gagner les pays d'Europe. Donc il est fort probable qu'on soit confronté à ce phénomène, (...) il va poser un gros problème, bien entendu, aux forces de l'ordre", déplore-t-il.

Le fusil AR-15, très populaire aux États-Unis

S'agissant du fusil AR-15, selon Bertrand Cavallier, il était détenu par Frédérik L. "de façon légale". Ce fusil semi-automatique facile à manier, le plus vendu aux États-Unis, a été utilisé dans bien des tueries de masse. Il est de calibre 300, c'est-à-dire que ses cartouches ont un diamètre de 5,56 millimètres.

"Les gendarmes ont très vite compris qu'ils avaient affaire à un individu extrêmement dangereux. Individu qui (...) avait un armement supérieur à celui des gendarmes", a relaté le général de gendarmerie, selon qui les militaires présents sur place sont "tombés dans un véritable traquenard".

Pour Bertrand Cavallier, "c'est tout le problème de la détention par certains individus qui pratiquent le tir sportif, (...) ce type d'armement est un armement de combat".

"Les gendarmes sont intervenus quasiment dans un contexte de guerre", a-t-il lui aussi décrit.
Jules Pecnard Journaliste BFMTV