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Police-Justice

Prostituée transgenre tuée: les associations dénoncent une "responsabilité" politique

Les associations dénoncent un acte transphobe et désignent la loi pénalisant les clients de prostituées comme responsable

Les associations dénoncent un acte transphobe et désignent la loi pénalisant les clients de prostituées comme responsable - Lionel BONAVENTURE / AFP

Vanesa Campos s'est faite assassiner alors qu'elle tentait de défendre un de ses clients qui se faisait agresser.

Le meurtre d'une prostituée transgenre la semaine dernière dans le Bois de Boulogne résulte d'une "responsabilité politique" liée à l'adoption de la loi sur la prostitution, ont dénoncé des associations, lors d'un rassemblement en son hommage.

Roses blanches à la main, plusieurs centaines de travailleurs sexuels et militants LGBT ont défilé depuis la Porte Dauphine, à l'ouest de Paris, jusqu'à l'endroit où Vanesa Campos, une travailleuse du sexe de 36 ans d'origine péruvienne, a été tuée par plusieurs hommes dans la nuit du 16 au 17 août.

Elle tentait de défendre un client

Il s'agit d'"un groupe de "roulottiers", qui écume le bois, haut lieu de la prostitution nocturne, et détrousse les clients et prostituées", selon une source policière. Ses agresseurs, toujours en fuite, l'ont blessé mortellement alors qu'elle tentait de les empêcher de dépouiller un client.

"Trans assassinée, État complice!", a scandé le cortège, qui a défilé derrière les pancartes "Justice pour Vanesa" ou "Arrêtez nos agresseurs, pas nos clients". "Vanesa était une meneuse dans le combat" contre ces bandes qui sévissent "depuis trois ans" dans le Bois, a expliqué son "amie et collègue" Romina, une femme transgenre originaire d'Équateur.

Isolement des prostituées

Les organisations présentes, dont l'association de défense des personnes trans Acceptess-T, ont répété leur demande d'abrogation de la loi sur la prostitution adoptée en avril 2016. Elle a notamment introduit la pénalisation des clients, désormais passibles d'une amende de 1500 euros, 3550 euros en cas de récidive.

Cette mesure a, selon elles, fait baisser les revenus des prostituées et les a obligées à exercer dans des endroits plus isolés, à l'écart de la police, où elles sont davantage exposées aux agressions.

"La loi est à 100% responsable"

"La loi est à 100% responsable de la mort de Vanesa", a affirmé Giovanna Rincon, directrice d'Acceptess-T, organisatrice du rassemblement, demandant "de vraies mesures contre la transphobie". L'absence de réaction au sein du gouvernement, notamment de la secrétaire d'État à l'Égalité, Marlène Schiappa, a également été dénoncée.

"On a l'impression que nos vies ne comptent pas", a déploré Thierry Schaffauser, porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel). "Si un gay du Marais avait été agressé, il y aurait eu une réaction", a-t-il assuré.

"La prostitution est du viol et de l'esclavage", a estimé dans un communiqué le Mouvement du Nid, qui soutient la loi. "Le nier, c'est faciliter le passage à l'acte, c'est banaliser le meurtre de Vanesa et de toutes les autres", ajoute l'association.

L.D., avec AFP