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Procès

Soupçons d'emplois fictifs: François et Penelope Fillon fixés sur leur sort ce lundi

L'ancien Premier ministre et son épouse ont comparu en novembre dernier pour des soupçons d'emplois fictifs. Un an de prison ferme a été requis à l'audience à l'encontre de François Fillon.

Travail "impalpable" ou réelle collaboratrice? Cinq ans après la révélation de l'affaire, François Fillon et son épouse Pénélope vont être fixés en appel sur les soupçons d'emplois fictifs qui pèse à l'encontre de cette dernière. La cour d'appel doit rendre son arrêt ce lundi. Cinq ans de prison, dont un an ferme sous bracelet électronique ont été requis à l'encontre de l'ancien Premier ministre.

À quelques semaines de l'élection présidentielle de 2017, Le Canard enchaîné révélait que Pénélope Fillon avait été rémunérée pendant des années avec l'enveloppe parlementaire de son mari: 600.000 euros de salaire pour un travail d'assistance parlementaire quasi-inexistant, selon le journal. Au total, les sommes perçues s'élèveraient à plus d'un million d'euros.

"Relation de confiance"

En première instance, comme lors de l'audience devant la cour d'appel au mois de novembre dernier, François Fillon a maintenu que son épouse Penelope Fillon avait "travaillé à (ses) côtés", fustigeant une "enquête à charge".

"Mon épouse m’a assisté dans le cadre de mon engagement politique. Elle a été rémunérée pour son travail comme des centaines d’autres conjoints l’ont été pour un travail strictement semblable", avait insisté l'ancien Premier ministre.

Si ce sont les agissements de François Fillon qui sont jugés par la justice, les débats ont permis un éclairage sur certaines pratiques de la vie politique française, le prévenu n'ayant eu de cesse de répéter que 20% des députés employaient, lorsqu'il était élu, un membre de leur famille. "Travailler avec son épouse, c’est être dans une relation de confiance et de proximité", a-t-il soutenu devant les juges, évoquant un travail "incontestable".

Pénélope Fillon a elle fait prévaloir son travail "de terrain" dans le cadre des trois contrats d'assistante parlementaire auprès de son mari (1998-2002 puis 2012-2013) et de son successeur Marc Joulaud (2002-2007). Traitement du courrier reçu au manoir familial de Beaucé, rédaction de mémos pour des visites locales, représentation du député en son absence lors d'événements locaux, l'épouse de l'élu a détaillé l'ensemble des tâches qu'elle dit avoir remplies pendant des années.

Pourquoi personne n'était au courant de son statut de collaboratrice? "Je n’ai rien dissimulé", a-t-elle plaidé. "Je ne suis pas non plus allée vers les gens en disant 'bonjour je suis assistante parlementaire'. Personne ne m’a posé cette question."

Activités "vaporeuses"

Lors de son procès en appel, François Fillon a évoqué pour la première fois des regrets. Non pas pour avoir rémunéré sa femme, mais "pour la démocratie", qui a, selon lui, été privée d'un débat en 2017 en raison de cette affaire révélée quelques semaines avant l'élection présidentielle, mais aussi des regrets pour son "épouse" dont le "nom a été jeté en pâture à l’opinion, par des médias sans déontologie".

Les explications du député Fillon n'ont une nouvelle fois pas convaincu le ministère public qui estime que "la fictivité" de l'emploi comme assistante parlementaire de Penelope Fillon était "établie" et que François Fillon, "personnage éminent de la vie politique", avait été "à l'initiative" d'une "entreprise de détournement de fonds publics". Un système "d'enrichissement familial" auquel a "pleinement adhéré" Pénélope Fillon, rémunéré "indûment".

La relecture des discours, la gestion du courrier? Autant de tâches "impalpables". Les "remontées d'informations" depuis le terrain? Une activité "évanescente, pour ne pas dire vaporeuse", avait insisté l'avocat général, évoquant un travail "redondant" avec celui d'autres collaborateurs.

Outre une peine de prison ferme d'un an, le parquet a requis 10 ans d'inéligibilité à l'encontre de François Fillon. À l'encontre de Penelope Fillon, il a été demandé deux ans de prison avec sursis, 100.000 euros d'amende et deux ans d'inéligibilité.

En première instance, l'ancien locataire de Matignon avait été condamné le 29 juin 2020 à cinq ans d'emprisonnement dont deux ferme, 375.000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité. Penelope Fillon s'était vu infliger trois ans de prison avec sursis, 375.000 euros d'amende et deux ans d'inéligibilité. Une décision dont le couple avait immédiatement fait appel.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV