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Procès du 13-Novembre: Farid Kharkhach, sorti de prison cette nuit, a été placé en rétention administrative

Farid Kharkhach a été transféré au centre de rétention administrative de Vincennes dans le Val-de-Marne.

Farid Kharkhach a été transféré au centre de rétention administrative de Vincennes dans le Val-de-Marne. - Bertrand Guay

Farid Kharkhach a été condamné à deux ans de prison par la cour d'assises spéciale qui a jugé les attentats du 13-Novembre. Une peine couverte par sa période de détention provisoire.

"C'était la fin du cauchemar pour lui." Farid Kharkhach a été condamné à deux ans de prison par la cour d'assises spécialement composée pour juger les attentats du 13-Novembre qui n'a pas retenu à son encontre la qualification terroriste. Une peine synonyme de liberté pour le Belge de 39 ans qui vient de passer 5 ans et demi en détention provisoire. Mais mercredi soir, sans même avoir quitté la prison de Nanterre où il était incarcéré, il a été placé en rétention.

"C'est une décision lunaire", déplore auprès de BFMTV.com Me Fanny Vial, son avocate.

Centre de rétention administrative

Mercredi soir, Farid Kharkhach, condamné pour avoir fourni des faux papiers à la cellule terroriste qui a commis les attentats de Paris et de Saint-Denis qui ont fait 130 morts et des centaines de victimes, a pris une dernière fois la route de la maison d'arrêt de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Il devait récupérer ses affaires et faire procéder à sa levée d'écrous. Une fois passé par le greffe, un officier de police judiciaire lui a signifié qu'il était placé en rétention administrative.

"Sa femme était en route pour la maison d'arrêt pour ramener son mari en Belgique, elle venait de prévenir ses enfants que pour la première fois depuis six ans, c'est leur père qui les emmènerait à l'école le lendemain matin, mais quand elle est arrivée, elle a vu Farid Kharkhach quitter la prison dans une voiture de police", détaille Me Vial, qui le défend avec Me Marie Lefrancq et Me Louise Dumont Saint-Priest.

Farid Kharkhach a été conduit au commissariat de Nanterre où il a passé la nuit et une bonne partie de la matinée. Jeudi midi, il a été transféré au centre de rétention administrative de Vincennes.

Obligation de quitter le territoire

Ce placement en rétention administrative du Belgo-Marocain est une décision administrative prise par la préfecture des Hauts-de-Seine, compétente territorialement dans cette affaire. Contactés par BFMTV.com, les services de la préfecture indiquent que Farid Kharkhach, "défavorablement connu des services de police", est sous le coup d'une obligation de quitter le territoire qui date du 25 février 2022, une mesure administrative est assortie d'une interdiction de circulation sur le territoire français pendant 3 ans. Il va être "éloigné vers la Belgique".

Les avocates de Farid Kharkhach dénoncent une "immixtion de l'administratif dans le judiciaire". "Enfin la justice a reconnu ce qu'il disait depuis 6 ans, à savoir qu'il n'était pas coupable, l'autorité judiciaire n'a pas prononcé d'interdiction du territoire français mais du côté de l'administratif il y a une volonté d'humilier qui est incompréhensible", martèle Me Fanny Vial qui décrit son client comme "anéanti".

"Nous dénoncons l'absurdité de cette mesure, Farid Kharkhach souhaitant quitter sans délai le territoire français pour rejoindre la Belgique où réside sa famille et dont il est lui-même ressortissant", ajoute l'avocate.

Soutiens

À l'annonce du placement en rétention administrative de Farid Kharkahch, des victimes du 13-Novembre ont tenu à lui apporter leur soutien. "Finissons ce procès comme il s'est déroulé, avec justice et humanité", a tweeté Arthur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris, qui appelle à "corriger ce faux pas inutile".

Farid Kharkhach doit être présenté dans les 48 heures à un juge de la liberté et de la détention pour statuer sur son sort. L'intégralité des avocats de la défense dans le procès du 13-Novembre ont indiqué qu'ils viendraient l'assister.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV