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Procès

"Il nous ressemble": quand la défense tente d'humaniser Nordahl Lelandais

Les avocats de Nordahl Lelandais ont tenté ce jeudi de combattre "le mythe du Nordahl Lelandais violent" et violeur pour tenter de convaincre les jurés d'aller en dessous des réquisitions de l'avocat général.

"Les hypothèses, les suppositions, les conjectures, ne sont pas des preuves. En droit ça s’appelle un doute." Et le doute bénéficie à l'accusé. La tâche est difficile, titanesque même, pour les avocats de Nordahl Lelandais qui ont tenté ce jeudi après-midi de balayer "le mythe du Nordahl Lelais violent".

L'objectif est double pour la défense: limiter la durée de la peine, alors que l'avocat général a requis la réquisition à perpétuité, et écarter le mobile sexuel qui n'a pour l'instant pas été retenu par la justice.

Pour tenter de parvenir à leur mission, les avocats n'ont avancé qu'un argument: le dossier pour contre-balancer ce qu'ils ont appelé des "mythes" devenus des "vérités générales". Il y a celui du consommateur d'images pédopornographiques. "Nordahl Lelandais n’a pas consulté de sites pédopornographiques avant les faits contrairement à ce que vous a indiqué le Procureur général", a martelé Me Valentine Pariat.

"L’intime conviction, ce n’est pas un sentiment"

L'avocate, dans son argumentaire, s'est attaquée au réquistoire de l'avocat général qui, dans la matinée, avait insisté sur les raisons de ce meurtre. "Évidement le mobile est sexuel", a répété Jacques Dallest, revenant notamment sur le témoignage de l'ancien co-détenu de l'accusé qui affirme que ce dernier lui a avoué avoir violé la fillette. Mais le magistrat constate que "juridiquement parlant nous n’avons pas de quoi rapprocher le crime de viol à Nordahl Lelandais".

Ce témoignage, lu par la cour tandis que l'ex co-détenu n'a pas répondu à sa convocation, les avocats de la défense demandent à ce que les jurés n'en tiennent pas compte.

"L’intime conviction, ce n’est pas un sentiment, pas une impression, ce n’est pas l’intime supposition. Non seulement on n’a pas les éléments pour le renvoyer pour viol, on n’a même pas pu le mettre en examen pour cela", rappelle Me Alain Jakubowicz au cours d'une plaidoirie de trois heures.

Sur les faits toujours, la défense de Nordahl Lelandais tente, toujours en s'appuyant sur le dossier, de remettre en cause le fait que l'accusé aurait fait monter la fillette afin de lui infliger des sévices sexuels. "J’ai entendu les parents de Maelys dire c’est une petite fille craintive, dit Me Jakubowicz. Je le crois volontiers, mais on a une réalité du dossier. Il n’y pas eu de violence. Si elle avait été enlevée, au sens commun du terme, elle aurait crié." Nordahl Lelandais a maintenu au cours du procès que la fillette était montée de son plein gré dans la voiture pour aller voir ses chien.

"Cette petite fille n’avait rien à faire dans cette voiture. Très bien… mais on a aucune autre explication crédible que celle de Nordahl Lelandais qui dit qu’elle est montée volontairement dans sa voiture."

"Il nous ressemble"

Décortiquant le personnage, de son enfance jusqu'au fait, l'avocat a demandé à ce que les jurés jugent un "crime" et non un "comportement". Oui, Nordahl lelandais a menti mais "mentir est un droit en France. Ne pas s'auto-incriminer est un droit. Je sais que je me fais agonir quand je le dis cela. Mais c'est ainsi". Appelant ainsi les jurés à condamner en fonction des preuves.

Les preuves, pour lui, ce sont aussi la personnalité de Nordahl Lelandais qui jusqu'à son premier meurtre en avril 2017 à une vie d'une "banalité totale", tentant d'évacuer l'image de "monstre" accolé à son client. "Elle ne cadre absolument pas avec les faits qu’il a commis, estime Me Mathieu Moutous, un autre avocat de Nordahl Lelandais. (...) Tout le monde est unanime. Nordahl Lelandais est serviable. C’est celui qu’on peut appeler quand on a envie de rire. Jusqu’à ces aveux personne n’y a cru."

"Pardon de le dire en ces termes mais Nordahl Lelandais, il nous ressemble", a conclu Me Jakubowicz tentant de redonner une humanité à son client contre lequel il réclame 30 ans de prison.
https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV