"Que vos mensonges vous étouffent": la lettre des parents d'Arthur Noyer à Lelandais
Représentation de Nordahl Lelandais lors de son procès. - Dessin de Benoît Peyrucq
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L'audience est suspendue
Ce treizième jour au procès de Nordahl Lelandais est à présent terminé.
L'audience est suspendue jusqu'à demain 9 heures.
Me Fabien Rajon invite les jurés à se mettre dans la peau de la mère de Maëlys
En s'adressant aux jurés, Me Rajon fait à présent le récit de la nuit du drame du point de vue de la mère en ponctuant son récit par une question: "Elle est où Maëlys?"
Il leur demande de se mettre à la place de sa cliente "en fermant les yeux", alors qu'elle arrive au mariage heureuse, sans soupçons, après avoir passé des vacances au Portugal en famille.
"Mais à cet instant votre fille court un danger mortel. Un regard noir s’est posé sur elle. Quelqu’un qui s’est intéressé à une fillette de 4 ans à peine juste avant, quelqu’un qui a tué un homme. Vous scrutez la piste. Vous lâchez presque incrédule. Les choses s’accélèrent, votre pouls s’emballe. Et ce type qui a parlé à votre fille, il est où ? Lui aussi est introuvable"
"Vous êtes saisi par l'effroi. Est-ce de la peur, de l’angoisse. C’est pire. C’est de la terreur ! 'Mais elle où Maelys ?'", poursuit l'avocat dans ce moment d'une forte intensité.
L'avocat de la mère de Maëlys lit une lettre des parents d'Arthur Noyer adressée à Lelandais
Me Fabien Rajon poursuit sa plaidoirie en lisant une lettre que lui ont remise les parents d'Arthur Noyer, la première victime de Nordahl Lelandais.
"Vos 10 mètres carré sont-ils moins vivables que les 2 mètres carré de la tombe d’Arthur? Pour Maelys vous avez l’ignominie de dire à votre ex-compagne que s’il elle vous avait répondu ce soir là, il ne se serait rien passé. Vous êtes toujours responsable de rien! Vous n’avez aucune empathie", écrivent-ils.
Dans cette lettre, Didier et Cécile Noyer dénoncent un être "malfaisant, un manipulateur, un lâche", avant de s'adresser directement à l'accusé.
"Que vos mensonges finissent par vous étouffer, que les images de nos enfants nos victimes vous hantent ! Un arbre pourri ne donne pas de bons fruits. Force aux familles pour continuer à écouter cet individu abject", lit enfin l'avocat.
"Il finira dans les poubelles de l'Histoire", clame Me Fabien Rajon
Après son collaborateur, c'est Me Fabien Rajon qui s'avance à la barre. Les premiers mots de l'avocat de la mère de Maëlys sont pour Coline, la soeur de la petite fille. Il se tourne longuement vers elle:
"Tu as été digne et courageuse à la barre de cette cour. Toute ta famille est fière de toi. Fière des mots prononcés pour ta soeur, fière aussi de ton regard droit quand tu as regardé l’accusé dans le box".
Il enjoint la jeune fille à rester forte dans un discours véhément.
"Ne laisse personne et sûrement pas cet accusé assis dans son box te tirer vers la bas. Tu te dis peut être que ta vie est mal partie… Mais si tu veux voir ce qu’est une vie médiocre tourne-toi vers le box des accusés ! Regarde cet homme, regarde sa vie qu’il a mise à néant. Il constatera de lui même qu’il était l’idiot utile des médias et qu’il finira dans les poubelles de l’Histoire !"
"Les aveux de vendredi ne vont pas vous leurrer": un avocat s'adresse aux jurés
Armel Juglard, collaborateur de Me Rajon, l'avocat de la mère de Maëlys, implore les jurés de garder la tête froide faec aux propos de Nordahl Lelandais.
"Ce ne sont pas les aveux forcés de vendredi qui vont vous leurrer. Vous savez la dangerosité de cet homme. Pervers narcissique, pédophile, psychopathe. Le masque n’est jamais tombé", prononce-t-il en direction des jurés.
Il finit par se tourner vers Nordahl Lelandais en s'adressant à lui.
"N’oubliez jamais vos morts monsieur Lelandais. N’oubliez jamais Maelys car nous nous ne l’oublierons jamais", déclare-t-il.
Nordahl Lelandais, "un pilleur d'existence"
L'avocat de Joachim de Araujo évoque aussi la souffrance de ce père qui vit comme "un mort vivant".
Puis face à Nordahl Lelandais dans le box, il qualifie l'accusé de "pilluer d'existence". "Il pille, c'est un pilleur d'existence et puis il s'en va, une fois qu'il est servi", attaque Me Laurent Boguet.
L'avocat revient sur les dernières heures de la petite Maëlys "repérée" pendant le vin d'honneur par son meurtrier. "Vous revenez à ce mariage parce que vous y trouvez un intérêt, vous l’avez attirée, vous lui avez inspiré confiance."
"Vous êtes un homme qui avez fait le choix de céder à ses plus noirs dessins, à faire la place à ses pulsions en vous préservant de toutes les néfastes conséquences que cela pouvait engendrer", dénonce Me Boguet.
"4 ans et demi d’espoir fou, qui a été brisé", s'indigne un avocat
Le splaidoiries se poursuivent alros la plaidoirie de Me Martin Vatinel, l'un des avocats du père de Maëys.
Il dénonce les "4 ans et demi d'espoir fou, un espoir fou qui a été brisé" tandis que Nordahl Lelandais s'enferme dans sa version.
L'avocat déplore que l'accusé n'ait pas expliqué son geste. "Vous seul savez ce que vous avez imposé à votre suppliciée. Mais on est en droit de s’interroger sur le mobile. Pourquoi enlevez vous cet enfant? Lui seul emmènera cette vérité avec lui", dit encore Me Vatinel.
"Bien sûr qu’elle a crié! Bien sûr qu’elle a hurlé! Vous avez vu son visage se fissurer! Vous l’avez vu ce sang. Ce sang qui sera effacé. Vous allez l’abandonner là après cette scène d’une violence inouïe. Elle agonise et vous allez retourner à ce mariage", piursuit l'avocat rappelant les dernières minutes de souffrance de la petite Maëlys.
Il revient ensuite sur la souffrance du père de Maëlys, ce "tsunami émotionnel" quand on lui annonce le décès de sa petite fille, ce père qui a perdu 25 kg, "amputé" du poids de sa fille.
"Oui, Nordahl Lelandais vous êtes un pédophile!"
"On ne choisit pas sa famille." Les premiers mots de Me Caroline Remond vont aux parents de Maëlys. "Les parents des petites cousines de Nordahl Lelandais ont la chance d’avoir leurs filles vivantes", dit-elle.
"Contrairement au bourreau dans le box, mes clients ont compris qu’ils n’avaient plus rien à voir avec la famille de Nordahl", insiste l'avocate qui défend les parents des deux petites cousines agressées par Nordahl Lelandais.
Me Remond est ensuite revenue sur l'absence de "courage" de l'accusé qui ne dit pas "pourquoi" il a tué la fillette. Pour elle, le mobile sexuel est bien réel.
"Oui Nordahl Lelandais, vous êtes un pedophile, vous êtes un prédateur sexuel, lui lance-t-elle. Nordahl Lelandais a enlevé a ses petites cousines leur innocence. Ce n’est pas de Nordahl Lelandais dont il faudra se souvenir mais de Maëlys de Araujo."
"Vous avez à juger un homme, ce n’est pas un monstre mais un mystère"
Me Crespin est le premier avocat des parties civiles à prendre la parole.
"Vous avez à juger un homme, ce n’est pas un monstre mais un mystère", dit-il aux jurés.
Un mystère car il s'agit d'un "criminel atypique par sa personnalité, par les victimes, par le mode opératoire". Un mystère surtout car il n'a apporté aucune réponse à la mort de Maëlys.
L'avocat des associations L'enfant bleu et La voix de l'enfant estime que malgré tout Nordahl Lelandais a fait "un pas d'humanité" vendredi dernier avec ses aveux même s'ils étaient "aussi sincères qu’une déclaration de revenus".
Me Yves Crespin, dont c'était a priori la dernière plaidoirie de sa carrière, espère que la prison aura "une fonction de rédemption".
"Un jour Nordahl Lelandais va revenir dans la communauté humaine, dit l'avocat. Je suis obligé d’espérer que la prison aura cette fonction de rédemption, lui aura permis de travailler, d’accepter de se voir tel qu’il a été, de porter le poids de ses crimes pour pouvoir s’en libérer."
Le témoignage accablant d'un ancien co-détenu de Lelandais lu par la cour d'assises
Le témoignage d'un ancien co-détenu de Nordahl Lelandais à la prison de Saint-Quentin-Fallavier est lu par la présidente de la cour d'assises.
Cet homme qui avait été cité comme témoin ne s'est pas présenté la semaine dernière. Son témoignage est celui qu'il avait fait à l'époque de ses révélations.
Farid C. assure que Nordahl Lelandais lui a confié, lors de promenades ou entre les cellules, avoir violé Maëlys dans son véhicule le soir du mariage. L'accusé lui aurait également dit avoir vu le visage d'Arthur Noyer, ce qui l'aurait poussé à frapper la fillette. Il explique qu'il serait revenu à la fête avec le corps de l'enfant dans son coffre.
La présidente fait lecture d'un second témoignage, celui d'un agent de l'administration pénitentiaire qui validait les propos dénoncés par Farid C.
Même si son témoignage avait semblé sincère par les surveillants pénitentiers, notamment car Fardi C. n'a demandé aucun contre-partie, les propos de cet ancien co-détenu lors du procès pour le meurtre d'Arthur Noyer n'avaient toutefois pas été retenus, un témoignage jugé trop fragile.
Des témoignages lus ce matin
Des témoignages écrits vont être lus ce mercredi matin par la cour d'assises de l'Isère. Il s'agit de témoins qui avaient été cités mais qui n'on tpas pu se déplacer comme une ancienne compagne de Nordahl Lelandais ou l'un de ses anciens co-détenus à qui l'accusé aurait fait des confidences sur le meurtre de Maëlys. Il avait déjà été entendu lors du procès d'Arthur Noyer.
Lelandais, une "personnalité antisociale"
Lundi et mardi, plusieurs psychologues et psychiatres se sont succédés devant la cour d'assises. Le dernier expert a relevé chez Nordahl Lelandais "une personnalité antisociale".
Il "ne présente en réalité aucune maladie mentale sauf un trouble sévère de la personnalité".
Nordahl Lelandais est à présent "arc-bouté dans une posture défensive dont il lui est très difficile de sortir", relève l'expert en disant espérer que cela puisse se faire à l'avenir dans l'"intimité d'un dialogue avec un psychiatre", après le procès.
Lelandais plaide l'enlèvement "involontaire" de Maëlys
Hier, Nordahl Lelandais a été réinterrogé sur ses déclarations faites en fin de semaine dernière. Questionné par son avocat, il avait reconnu "l'ensemble des faits qui lui sont reprochés", à savoir l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys.
Reste que Nordahl Lelandais maintient qu'il a enlevé involontairement la petite fille. Il assure avoir pris conscience au cours des débats que d'emmener une enfant, sans l'accord de ses parents, est un enlèvement. Mais il affirme que Maëlys est montée de son plein gré dans son véhicule.
"Elle est montée dans ma voiture pour aller voir mes chiens. Je comprends donc maintenant que c’est un enlèvement."
La parole aux parties civiles
Cette nouvelle journée du procès de Nordahl Lelandais est consacrée aux plaidoiries des parties civiles. Tour à tour, l'avocate des parents des petites cousines abusées sexuellement par l'accusé, ceux des parents de Maëlys et celui des associations "L'enfant bleu" et "La voix de l'enfant" vont prendre la parole.
Le verdict doit être rendu vendredi dans la journée.
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