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Procès du 13-Novembre: la cour s'est retirée pour délibérer, le verdict attendu mercredi

Croquis d'audience de de plusieurs des 14 hommes présents à leur procès pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris

Croquis d'audience de de plusieurs des 14 hommes présents à leur procès pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Les 14 accusés présents ont eu la parole une dernière fois ce lundi lors du procès des attentats du 13-Novembre. La cour s'est retirée pour délibérer. Le verdict est attendu mercredi.

Ce live est terminé

Ce live est terminé.

Après moins d'une heure d'audience, la dernière journée de débats s'est achevée avec les déclarations de Salah Abdeslam appelant la justice à ne pas prononcer une peine de prison à vie à son encontre.

La cour s'est désormais retirée. Les cinq magistrats professionnels qui vont devoir juger les 20 accusés, et leurs quatre remplaçants, se réunissent dans une caserne en Ile-de-France afin de répondre à une série de questions et déterminer la peine de chaque accusé.

Ils ne pourront sortir de ce lieu tenu secret que pour rendre leur verdict. Cette lecture devrait débuter mercredi à partir de 17 heures.

La cour s'est retirée pour délibérer

La cour s'est retiré pour délibérer. Les cinq magistrats professionnels vont devoir répondre à des dizaines de questions sur le cas de chacun des accusés. Ils vont voter sur des petits bulletins, détruits immédiatement. Ils devront ensuite déterminer les peines de chaque accusé.

Le président Jean-Louis Périès a annoncé avant de quitter la sallae que l'audience reprendrait mercredi "à 17 heures" au mieux pour la lecture du verdict.

Salah Abdeslam explique "l'évolution qui a été la mienne"

C'est peut-être l'accusé qui a le plus parlé juste avant que la cour ne se retire. "Il n'a echappé à personne l'évolution qui a été la mienne lors de ce procès", note Salah Abdeslam, alors que son avocate Me Ronen, vendredi, estimait qu'elle "n'aurait pu avoir autant d'espoir".

"Je vais vous expliquer quelques épisodes de mon incarcération, pas dans le but de me plaindre, loin loin loin de là. Il serait ridicule de comparaître ma douleur à la vôtre", dit-il, cherchant à chaque fois le mot juste, pour expliquer cette évolution alors qu'à l'ouverture du procès il se présentait toujours comme un "combattant de l'Etat islamique".

Salah Abdeslam souhaite raconter un épisode lors de sa détention en Belgique où il a été "malmené", "tiré par les cheveux" pour être sorti de sa cellule et quand un gardien "de plus de 80 kilos", lui a "sauté sur la tête".

"Ce n'est que quand ils ont été fatigués, qu'ils m'ont trainé par les genoux, mis sous le lit. Depuis ce jour je craignais pour ma vie. J'ai appelé ma famille et je leur ai dit 'si vous apprenez la nouvelle de ma mort, sachez que je ne me suis pas suicidé'. Ce qui m'a le plus choqué c'était le plaisir à me faire du mal."

"J'ai fait des erreurs mais je ne suis pas un assassin", conclut Abdeslam

Salah Abdeslam est le dernier à prendre la parole.

"J'ai fait des erreurs mais je ne suis pas un assassin je ne suis pas un tueur. Si vous me condamnez pour assassinat vous commetrez une injustice."

L'acusé revient sur ses excuses et dénonce ceux qui ont estimé qu'elles étaient "insincères".

"Je vous ai présenté mes excuses certains diront qu'elles sont insincères, que c'est une stratégie. Comme si vous aviez besoin d'une tierce personne pour savoir si elles sont sincères. Plus de 130 morts, plus de 400 vicitmes qui peut présenter des excuses insincères à l'égard de tant de souffrance?"

Les "excuses" de Bakkali et Atar

Mohamed Bakkali a été bref mais a souhaité s'adresser aux victimes. "Je condamne fermement ces attentats, je présente sincèrement mes excuses aux victimes. Je ne l'ai pas fait avant car ces mots n'avaient pas de place face à leur douleur."

Yassine Atar a lui aussi apporter son soutien aux victimes: "Sincèrement vous avez montré une dignité énorme, j'espère que vous allez aller mieux."

"Je n'ai strictement rien à voir avec mon frère, avec ces attentats, que j'ai toujours condamné", a-t-il ajouté.

"Quoiqu'on dise, ça manque toujours de sincérité", déclare Sofien Ayari

Sofien Ayari a exprimé une dernière fois sa colère, et notamment à l'encontre de l'accusation et des avocats des parties civiles. L'accusé a gardé le silence pendant une grande partie du procès.

"Je ne sais pas quoi dire en fait car si on se défend on a une défense de vendeur de shit, si on ne parle pas on manque de respect aux victimes. Si on ne comparait pas, on est irrespectueux, si on comparait c'est pas bien vu non plus. Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, il y a toujours quelque chose à dire, ça manque toujours de sincérité c'est comme ça."

Lui assure qu'il y a des "responsables" dans le box, mais qu'ils soient condamnées "pas plus, pas moins" pour ce qu'ils ont fait. Pour lui ce sont des "fanatiques" qui "ont une mauvaise interprétation des textes". Lui ne fait pas de cette catégorie-là, assure-t-il.

"J'espère que plus jamais une personne sera confrontée à une telle tristesse", dit Sofien Ayari, contre lequel la réclusion criminelle à perpétuité. Il est accusé d'avoir voulu commettre un attentat à l'aéroport de Schiphol.

"J'ai causé des torts à des gens, j'aurais pu arrêter tout ça", dit Mohammed Abrini

Avec un débit rapide, avec des propos parfois un peu confus, Mohammed Abrini a présenté à plusieurs reprises ses excuses.

"Je n'ai pas attendu le procès pour avoir des remords ou des regrets. J'ai conscience de ce qui est arrivé est immonde. J'ai causé des torts à des gens. J'aurais pu arrêter tout ça, que ça a été très diffiicle de regarder tous les jours les victimes assises dans la salle.

Mohammed Abrini, qui a indiqué avoir renoncé au dernier moment à faire partie des commandos des attentats du 13-Novembre, estime aujourd'hui que "tout ça n'aurait pas dû arriver".

Ses derniers mots vont alors aux victimes:

"Je présente toutes mes excuses aux victimes, j'espère du fond de mon coeur qu'elles arriveront à avancer dans la vie, à se reconstruire."

"Le plus dur cela va être d'expliquer à mes enfants"

Ali Oulkadi prend ensuite la parole. C'est le dernier des trois accusés comparaissant libre à s'exprimer. Il est accusé d'avoir convoyé Salah Abdeslam à son retour à Bruxelles, au lendemain des attentats.

"Le plus dur cela va être d'expliquer à mes enfants, de leur parler des attentats, de ma détention. Je leur montrerai mes notes, les témoignages des victimes qui m'ont bouleversé."

Ali Oulkadi espère reprendre sa vie là où il l'a laissé "même si ça ne sera pas facile". "J'espère que l'étiquette qui colle à ma peau ne colle pas à celle de mes enfants, j'espère que ce fléau sera éradiqué."

"Je resterai toujours un accusé de ce procès"

Après Hamza Attou, c'est Abdellah Chouaa qui a pris la parole. Très ému, interrompu par ses pleurs, il a pris la parole.

"Je ne suis pas un terroriste, je ne suis pas avec ces gens-là. Certes j'ai amené Abrini à l'aéroport et j'ai été le chercher mais je n'ai jamais su ce qu'il avait en tête. J'ai envie de dire que je suis innocent.... mais je resterai toujours un accusé de ce procès. Je t'en veux frère, tu as gâché ma vie. Je sais pas si un jour je te pardonnerai mais j'en souffre.

Abdellah Chouaa a décrit sa "honte" d'être accusé dans ce procès, lui qui a oublié de fêter l'anniversaire de son fils il y a trois semaines.

"Je l'ai eu au téléphone, il m'a dit 'demain tu seras là à la remise de mon CEP? J'ai honte... je lui ai dit 'papa il travaille'. J'ai pas eu le courage de lui dire."

Le verdict attendu mercredi soir

La cour va se retirer pour délibérer à l'issue de cette journée d'audience. Les cinq magistrats professionnels qui composent cette cour d'assises spéciale vont devoir répondre pour chaque accusé à une série de questions afin de déterminer ou non leur culpabilité.

Ce travail va être réalisé dans une caserne sécurisée dont le lieu est tenu secret. Jusqu'au verdict, ils n'auront pas la possibilité de sortir de ce lieu. Le prononcé du verdict doit avoir lieu mercredi soir.

"Je ne peux pas savoir combien de temps nous prendra le délibéré, a dit Jean-Louis Périès vendredi. "L'important c'est qu'on puisse prendre le temps. Ça pourra être à 17 heures, ça pourra être à 18 heures, à 19, à 20."

"J'ai des espoirs", dit Georges Salines, père d'une victime

Georges Salines dit avoir "des espoirs" avant que les accusés s'expriment une dernière fois.

"Pour les accusés eux mêmes c'est important qu'ils trouvent en eux la capacité de dire des choses avec leur coeur, qu'ils puissent permettre de toucher la cour", dit à BFMTV.com le père de Lola, une victime du Bataclan.

L'espoir de Georges Salines repose aussi sur ce qu'il s'est passé tout au long de ce procès et ces mots sont donc attendus, selon lui, par les parties civiles.

"Lors de la dernière salve de témoignages, certaines victimes ont dit qu'entendre Salah Abdeslam demander pardon, ça leur avait fait du bien. C'était une demande de pardon ambigue, il demandait pardon tout en assumant ce qu'il a fait sans exprimer de remords. Je pense que les accusés ont en eux cette possibilité et je pense qu'entendre les victimes, et ils nous le doivent ils peuvent trouver les mots qui peuvent nous toucher, qui peuvent nous faire du bien."

Des regrets exprimés par Salah Abdeslam?

Salah Abdeslam a présenté des excuses aux victimes. C'était le 15 avril dernier. Mais l'accusé le plus médiatique n'a pas exprimé de remords, ce qui fait dire à l'accusation, qui a requis la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, qu'il ne s'est pas engagé sur la voie de la déradicalisation.

Cette dernière prise de parole est attendue de ce point de vue.

Pour son avocate, Salah Abdeslam a pourtant évolué au long de ces dix mois de procès. "J'ai de l'espoir, je ne me serai pas permise en d'avoir autant car on partait de loin", a déclaré Me Ronen vendredi dernier lors de sa plaidoirie. Elle reconnaît toutefois que ce chemin est encore long.

"Sortir de la radicalité c'est comme apprendre à nager dans une piscine, il se lâche mais ne s'éloigne pas trop du bord. S'il s'éloigne trop, il se noie."

Les accusés ont une dernière fois la parole

Le 148 jour du procès des attentats du 13-Novembre sera le dernier avant que la cour d'assises spécialement composée ne se retire pour délibérer.

Les 14 accusés présents - 11 dans le box, 3 comparaissant libre - auront une dernière fois la parole. Tour à tour, ils vont être invités à s'exprimer. Peut-être l'occasion pour certains, qui n'ont pas répondu aux questions de la cour lors des débats, comme Osama Krayem ou Sofien Ayari, de s'exprimer.

Le début de l'audience est prévu pour 9h30.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV