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Procès

Arnaud Beltrame: sa mère estime qu'il faut "cesser de parler de sacrifice" à propos de la mort de son fils

Le gendarme Arnaud Beltrame est mort de ses blessures en 2018 après s'être substitué à une otage, lors d'une attaque terroriste à Trèbes. Des peines allant jusqu'à quatre ans de prison ont été prononcées lors du procès vendredi 24 février.

Des propos fermes. Nicolle Beltrame, mère d'Arnaud Beltrame, gendarme mort après avoir pris la place d'une otage lors de l'attentat de Trèbes dans l'Aude en 2018, a appelé ce dimanche 25 février sur BFMTV à ne pas parler de "sacrifice" concernant le geste de son fils.

"Il faut cesser de parler de sacrifice par rapport à Arnaud", demande-t-elle.

"La plaidoirie de Me Montbrial a fait valoir (que) la mort d'Arnaud n'était pas un sacrifice, qu'il a lutté, avec les preuves à l'appui", salue-t-elle, à propos de son avocat, lors du procès des auteurs de l'attentat, qui s'est achevé vendredi.

Le gendarme vite qualifié de "héros"

Dans la matinée du 23 mars 2018, Radouane Lakdim, un jeune délinquant radicalisé de 25 ans, entre dans un Super U de Trèbes, pistolet au poing, et tue un client à bout portant, avant de prendre une caissière en otage.

Le gendarme Arnaud Beltrame arrive ensuite sur place, prend la place de la jeune femme. Grièvement blessé, il ne survit pas à ses blessures.

Après le drame, il est élevé au grade de colonel à titre posthume et un hommage national lui est rendu aux Invalides. Emmanuel Macron salue un "héros" dont la "grandeur a sidéré la France", tandis que nombre de politiques parlent d'un "sacrifice ultime".

"Courage" plutôt que "sacrifice"

Le terme de "sacrifice", largement entendu, est réfuté par sa mère Nicolle Beltrame. "C'est quand même très dur quand c'est galvaudé un peu partout", dit-elle ce dimanche.

"Maintenant, il est temps de reconnaître le geste d'Arnaud", même s'il ne répond pas "au protocole", appelle-t-elle.

Elle fait ici référence au fait que les membres de la gendarmerie ne sont pas censés remplacer un otage et mourir à sa place.

"Peut-être que ça fait peur à certaines personnes, qu'à sa place ils ne l'auraient pas fait", suggère-t-elle. "J'ai envie de dire une fois de plus: 'ça suffit, prenons plutôt note de son courage et remercions la justice'".

Un procès après "6 ans d'attente"

La tenue du procès des auteurs des attentats de Trèbes et de Carcassonne, survenu après "6 ans d'attente" a été un moment difficile pour Nicolle Beltrame.

L'histoire revient "en boomerang, en pleine face, c'est très compliqué", confie-t-elle.

La cour a prononcé vendredi 23 février des peines allant jusqu'à quatre ans d'emprisonnement. Sur les cinq accusés jugés devant la cour d'assises spéciale de Paris pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", quatre ont été acquittés pour cette infraction, et seulement condamnés pour des délits connexes. 

Juliette Desmonceaux