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Police-Justice

Procès Orsoni: la "guerre des clans" en Corse aux assises

Alain Orsoni est poursuivi pour des menaces de mort proférées à l'encontre de Thierry Castola.

Alain Orsoni est poursuivi pour des menaces de mort proférées à l'encontre de Thierry Castola. - Pascal Pochard-Casabianca - AFP

A partir de lundi, la cour d'assises d'Aix-en-Provence se penche sur une affaire de règlement de comptes entre deux clans corses, dans lequel deux hommes ont été assassinés.

Les débats dureront plusieurs semaines pour s'achever début juillet. C'est ce lundi que s'ouvre devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence le procès Orsoni, du nom du père et du fils soupçonnés d'être impliqués dans une affaire de menaces de mort et d'assassinats contre les membres d'une autre famille corse. Onze personnes sont poursuivies, dont l'ex-dirigeant nationaliste corse Alain Orsoni et son fils Guy.

Pour l'accusation, ce procès illustre la "guerre des clans" sur l'île à cette époque. Tous les accusés nient leur participation aux faits qui leur sont reprochés. Seul Alain Orsoni a reconnu avoir écrit une lettre de menaces retrouvée chez l'une des victimes. Mais selon lui, rien n'accrédite l'idée d'"une guerre des clans" entre sa famille et les Castola.

Guerre fratricide

Le 3 janvier 2009, Thierry Castola est abattu en sortant d'un bar de Bastelicaccia, à quelques kilomètres d'Ajaccio. Le 29 janvier, Sabri Brahimi est à son tour tué à Ajaccio par des hommes à moto. Et le 22 juin 2009, c'est Francis Castola, le frère de Thierry, qui est blessé par des coups de feu alors qu'il circule en moto près d'Ajaccio. Tous ont la particularité d'appartenir à la "bande du Petit Bar", du nom d'un café d'Ajaccio où se réunissaient ces malfaiteurs présumés. 

Rapidement, les enquêteurs vont se concentrer sur la famille Orsoni et plus particulièrement, sur le fils de l'ancien dirigeant du Mouvement pour l'autodétermination (MPA), né de l'éclatement du FLNC dans les années 90, qui aurait voulu se venger d'une tentative d'assassinat. 

En 1996, alors q'une guerre fratricide éclate entre les différents courants nationalistes, Alain Orsoni décide de quitter la Corse. Il se réfugie au Nicaragua où Francis Castola père lui prête de l'argent. Avec cette somme, Orsoni aurait créé une société de jeux.

Conflit financier

Revenu sur l'île en 2008, Orsoni père prend la tête du club de football d'Ajaccio, qu'il quittera en mars 2015. Quelques semaines après ce retour, il est victime d'une tentative d'assassinat, déjouée par la police. Dans cette affaire, six hommes, dont des proches de la bande du "Petit Bar", sont condamnés en 2011. Ils auraient voulu venger l'assassinat d'Ange-Marie Michelosi, considéré comme "l'héritier" de "Jean-Jé" Colonna, parrain présumé du sud de l'île, mort accidentellement en 2006.

Or, pour réponse à cette tentative d'assassinat, le clan Orsoni, mené par le fils d'Alain, Guy, aurait tué Thierry Castola, Sabri Brahimi et tenté d'atteindre Francis Castola. Toujours, selon l'accusation, à ce mobile s'ajoute celui d'un conflit financier entre les Castola et les Orsoni, les premiers réclamant le remboursement des sommes prêtées à Alain Orsoni au Nicaragua. 

Aujourd'hui Alain Orsoni est poursuivi pour avoir menacé de mort Thierry Castola. Il aurait écrit une lettre dans laquelle il assurait refuser de rembourser des gens qui cherchent à le tuer. Un temps soupçonné d'avoir participé à l'assassinat de Castola, Alain Orsoni avait obtenu un non-lieu dans ce dossier.

Multiplication des assassinats

En revanche, son fils Guy et deux proches, David Taddei et Jérémy Capitta, sont poursuivis pour cet assassinat ainsi que celui de Sabri Brahimi. Un quatrième homme, Jean-Baptiste Ottavi, est aussi poursuivi pour l'assassinat de Thierry Castola. La tentative d'assassinat de Francis Castola pourrait être le fait de trois autres proches de Guy Orsoni, qui auraient juste profité de la situation de l'époque pour abattre celui qui est considéré comme "le plus dangereux" du clan Castola.

Depuis ces meurtres commis en 2009, plusieurs proches d'Alain Orsoni ont été assassinés, dont le président de la chambre de commerce de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, et l'ancien bâtonnier d'Ajaccio, Antoine Sollacaro, ainsi que deux anciens militants du MPA, Antoine Nivaggioni et Noël Andreani.

la rédaction avec AFP