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Procès: les instants qui ont suivi la mort de Zyed et Bouna

Un tag près du tribunal correctionnel de Rennes, à l'occasion du procès dans l'affaire de Zyed et Bouna.

Un tag près du tribunal correctionnel de Rennes, à l'occasion du procès dans l'affaire de Zyed et Bouna. - Damien Meyer - AFP

Pour le deuxième jour du procès de l'affaire Zyed et Bouna, le tribunal tente de reconstituer les instants qui ont suivi la mort des deux adolescents, près de dix ans après les faits.

Retracer minutes par minutes les instants qui ont suivi la mort de Zyed et Bouna dans un site EDF de Clichy-sous-Bois. Tel était l'objectif du tribunal correctionnel de Rennes ce mardi après-midi, après avoir évoqué les lieux du drame qui avait provoqué trois semaines d'émeutes en 2005.

Deux policiers, Sébastien Gaillemin, 41 ans, et Stéphanie Klein, 38 ans, comparaissent jusqu'à vendredi pour non-assistance à personne en danger. Le procès, qui se tient à Rennes, intervient à l'issue de dix années de procédures judiciaires. Il s'agit de savoir si les deux policiers ont, oui ou non, su que les adolescents étaient entrés dans ce site EDF. Les échanges radio des forces de l'ordre ont été diffusés dans la salle d'audience ce mardi. 

La bande son diffusée à l'audience

14 fonctionnaires de police ont convergé vers les lieux après l'accident. Sur place pour le procès, Mélanie Bertrand, la journaliste de BFMTV, évoque "45 minutes de bandes audio où l'on sent beaucoup de confusion chez les policiers qui encerclaient le site", entre 18h52 et 20h38. Ce 27 octobre 2005, une intervention de la police en Seine-Saint-Denis a mis en fuite trois jeunes. Bouna Traoré, 15 ans, Zyed Benna, 17 ans, et Muhittin Altun se sont réfugiés dans un local EDF abritant un dispositif appelé réactance. C'est là qu'ils ont été électrocutés à 18h11, provoquant une défaillance électrique.

A 19h15, la bande radio permet d'entendre un officier de police confirmer: "On a deux Delta Charlie Delta", autrement dit deux personnes décédées.

Muhittin Altun, le rescapé du transformateur, s'en est sorti avec de lourdes séquelles. Il a eu une Incapacité totale de travail (ITT) de 49 jour, selon une journaliste de l'Humanité. "J'avais du mal à marcher, je n'arrivais pas à crier, je n'avais plus de voix", le cite une journaliste du Parisien qui assiste au procès. Un confrère de France Info raconte que le rescapé a "eu l'impression d'être soulevé plusieurs fois du sol" après le choc électrique.

Muhittin Altun dit être sorti du transformateur à 18h40, soit 28 minutes après l'électrocution #ZyedEtBouna
— Willy Le Devin (@Will_ld) 17 Mars 2015

"J'avais du mal à marcher, je n'arrivais pas à crier, je n'avais plus de voix" Muhittin raconte #ZyedEtBouna
— Sterlé carole (@sterleca) 17 Mars 2015

#clichy / le rescapé témoigne de l'électrocution à 18:11 "J'ai eu l'impression d'être soulevé plusieurs fois du sol" @franceinfo
— Pair Stephan (@pairIDF) 17 Mars 2015

Dans les talkie-walkie des policiers, on entend ensuite "des cris, des hurlements glaçants. Ce sont ceux des familles des victimes qui viennent d'arriver sur place", décrit encore Mélanie Bertrand.

Pour Daniel Merchat, avocat des policiers, "c'est le trafic radio normal dans ce genre de situation". Dans la salle d'audience, "la violence de l'écoute a été énorme", aux dires d'un journaliste de Libération

A la fin de la bande radio des "putain" et des soupirs traversent la salle. La violence de l'écoute a été énorme #ZyedEtBouna
— Willy Le Devin (@Will_ld) 17 Mars 2015

A la barre du tribunal ce mardi, Sébastien Gaillemin, le policier a déclaré ne pas avoir vu l'utilité de déclencher la procédure d'urgence. Le policier qui comparait, assure n'être alors "au courant de rien" après l'accident. Il serait reparti en mission juste après la mort des deux adolescents.

"Je rentre au commissariat fortuitement. Il n'y a aucun doute. Je ne suis au courant de rien" Sébastien Gaillemin #ZyedEtBouna
— Willy Le Devin (@Will_ld) 17 Mars 2015

"Quand j'ai vu la panne de courant au commissariat [due à l'accident] je me suis dit "marre de travailler dans ces conditions" Gaillemin
— Willy Le Devin (@Will_ld) 17 Mars 2015

"A aucun moment, je me suis dit que la panne de courant était du à l'introduction de deux jeunes dans le transformateur" S. Gaillemin
— Willy Le Devin (@Will_ld) 17 Mars 2015

Les deux policiers encourent au maximum cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. Le préfet d'Ille-et-Vilaine a interdit deux manifestations "contre les violences policières" prévues mercredi à Rennes, en marge du procès 

Aurélie Delmas