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Police-Justice

Procès Fiona: un verdict et encore trop de questions

30 ans de réclusion criminelle ont été requis contre Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf.

30 ans de réclusion criminelle ont été requis contre Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf. - Thierry Zocolan - AFP

La cour d'assises du Puy-de-Dôme doit rendre son verdict ce vendredi dans le procès de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf. Les deux ex-compagnons sont accusés d'avoir porté des coups mortels à la petite Fiona.

La vérité. C'est ce que tous attendaient: le père de Fiona, les parents de Cécile Bourgeon, les proches de la famille et les jurés. Mais après deux semaines de procès, la justice ne semble être jamais aussi loin de cette vérité. Comment est morte la petite Fiona, 5 ans, en mai 2013? Qui a porté les coups mortels? Mais aussi où le corps de l'enfant a-t-il été déposé et enterré?

"Il n’y a que des hypothèses, des hypothèses sur les causes du décès, sur ses circonstances, nous n’avons aucune vérité qui a jailli sur ces dix jours d’audience, voilà la conclusion", a estimé Me Renaud Portejoie, l'avocat de Cécile Bourgeon.

Lors du dernier jour de procès, ce vendredi, l'avocat général a requis une peine de 30 ans de réclusion criminelle contre les deux prévenus, assortie d'une période de sûreté des deux tiers. "Il n'est pas nécessaire que je puisse identifier qui a fait quoi, peu importe importe si l'un a mis trois coups et l'un un seul coup, les deux ne font plus qu'un", a estimé l'avocat général Raphaël Sanesi de Gentile, qui a également réclamé pour Cécile Bourgeon un retrait total de son autorité parentale sur ses deux autres enfants.

"Peine exemplaire"

Le verdict de la cour d'assises de Riom, dans le Puy-de-Dôme, est attendu tard dans la soirée, voire dans la nuit de vendredi à samedi. Cette journée va également être l'occasion de donner, une dernière fois, la parole à Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, accusés d'avoir porté des coups mortels à la petite fille. Une intervention sans intérêt pour ceux qui voulaient voir la vérité éclater.

"Au jour d’aujourd’hui à part la peine exemplaire, il n’y a pas grand-chose à espérer de Mme Bourgeon et de son compagnon", souffle Nicolas Chafoulais, le père de Fiona. L'avocate de l'association Enfance en danger, qui s'est constitué partie civile, confirme: "Je serais étonnée qu'il le fasse (qu'ils s'expriment, NDLR)."

Pourtant, lors de ces dernières heures d'audience, un espoir était permis. Tout a commencé mercredi. En fin de journée, Cécile Bourgeon, la mère de la petite Fiona, affirme avoir menti. Son compagnon de l'époque, et co-accusé, n'aurait jamais frappé l'enfant. "Il arrêtait pas de m'accabler. Je l'ai très mal vécu, j'ai voulu l'accabler un peu plus", a-t-elle lâché devant les jurés. Concernant les circonstances de la mort de Fiona, elle avance l'hypothèse de l'absorption d'un médicament.

"On est pas des gens crapuleux"

Jeudi, juges et avocats l'interrogent à nouveau. A l'ouverture de l'audience, Cécile Bourgeon se braque et affirme qu'elle gardera le silence jusqu'à la fin du procès. Une attitude qu'elle respectera quelques minutes avant de se confier face à un public sous le coup de l'émotion. Elle parle de ses grossesses, de sa relation avec sa fille Fiona. Puis revient sur le drame: "C'est arrivé le mardi. Le mercredi, on a mis le bandeau. Jeudi, vendredi, elle allait mieux. Samedi après...", débute-t-elle, sans jamais achever cette phrase.

"Fiona est morte, mais vous êtes toujours sa mère", tente Me Costantino, avocat d'Enfance et Partage, pour la faire parler. "Je ne sais pas de quoi Fiona est morte", répète Cécile Bourgeon.

Qui a donc porté les coups mortels? Là encore la justice aura bien du mal à le savoir. Cécile Bourgeon témoigne toutefois du caractère violent de son ex-compagnon. "Remets-toi ça dans ta tête ! Léa mettait des fessées à son doudou, pourquoi? 'Parce que papa fait ça'", lance-t-elle à Berkane Makhlouf. L'ancien toxicomane se défend avec un argument qu'il répète depuis le début du procès. "J'accepte la prison parce qu'on a menti, parce qu'on a fait l'enterrement, mais pas parce que j'ai porté des coups (...) je ne suis pas un bourreau d'enfants."

Avant de craquer à son tour: "On s'est jamais dit on va tuer Fiona, on va aller l'enterrer, on est pas des gens crapuleux." Quelques indices insuffisants pour livrer la vérité.

J.C.