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Police-Justice

Procès en appel à huis clos pour le "gang des barbares"

Le procès en appel de 18 membres présumés du "gang des barbares", responsable en 2006 de l'enlèvement, de la séquestration et de l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi, s'est ouvert lundi à huis clos. /Photo d'archives/ REUTERS/Stéphane Mahe

Le procès en appel de 18 membres présumés du "gang des barbares", responsable en 2006 de l'enlèvement, de la séquestration et de l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi, s'est ouvert lundi à huis clos. /Photo d'archives/ REUTERS/Stéphane Mahe - -

PARIS (Reuters) - Le procès en appel de 18 membres présumés du "gang des barbares", responsable en 2006 de l'enlèvement, de la séquestration et de...

PARIS (Reuters) - Le procès en appel de 18 membres présumés du "gang des barbares", responsable en 2006 de l'enlèvement, de la séquestration et de l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi, s'est ouvert lundi à huis clos.

La cour d'assises du Val-de-Marne était contrainte par la procédure d'accepter le huis clos, sans public et sans presse, dès lors que la défense de deux personnes mineures au moment des faits le demandait, ce qui a été fait.

La partie civile, notamment l'avocat de la mère d'Ilan Halimi, Me Francis Szpiner, souhaitait un procès public.

Elle a tenté d'obtenir au Parlement avant l'audience une modification de la loi, mais un premier vote de l'Assemblée nationale n'a pas encore été confirmé au Sénat.

Enlevé parce qu'aux yeux de ses ravisseurs il avait forcément de l'argent, étant juif, Ilan Halimi, 23 ans, a été séquestré durant 24 jours dans une cité de Bagneux (Hauts-de-Seine), maltraité et torturé, puis mis à mort après de vaines négociations pour le versement d'une rançon.

Ce dossier, devenu emblématique de l'antisémitisme et de la violence en banlieue, avait gagné le terrain politique après le premier procès en juillet 2009, la ministre de le Justice Michèle Alliot-Marie annonçant à la sortie du conseil des ministres qu'elle demandait au parquet de faire appel.

Michèle Alliot-Marie est citée comme témoin par la défense de certains accusés, qui souhaite souligner qu'à ses yeux, le procès, dont le verdict est attendu le 17 décembre, est organisé sur ordre politique et non sur des fondements judiciaires.

Les peines prononcées en 2009 étaient proches des réquisitions de l'accusation, et l'avocat général du procès Philippe Bilger avait salué publiquement le verdict.

FOFANA SERA TÉMOIN

Dans une lettre au président de la cour, Michèle Alliot-Marie explique qu'elle n'a pas été témoin des faits et qu'elle ne peut donner aucun élément sur les accusés.

"Elle précise qu'elle se tient cependant à la disposition de la cour d'assises si elle juge utile d'entendre son témoignage", a expliqué lundi à Reuters son cabinet.

La ministre estime qu'en répondant en 2009 aux sollicitations de la partie civile et d'organisations de la communauté juive qui demandaient un appel, elle n'a fait que "faire usage de ses prérogatives constitutionnelles".

Le principal responsable de l'affaire, Youssouf Fofana, Français d'origine ivoirienne, a été condamné à la réclusion à perpétuité avec une peine de sûreté incompressible de 22 ans en première instance et il a renoncé à l'appel initialement déposé.

Il devrait cependant être entendu comme témoin et, selon le Figaro de lundi, entend revenir sur son désistement d'appel, une démarche qui ne peut juridiquement aboutir.

Il dirigeait le groupe de Bagneux qui s'était auto-baptisé "gang des barbares".

La cour rejugera notamment Samir Aït Abdelmalek, lieutenant présumé de Fofana, condamné en première instance à 15 ans de réclusion alors que 20 ans étaient requis, ainsi que la jeune fille ayant servi d'"appât" pour piéger Ilan Halimi.

Mineure au moment des faits, elle a été condamnée à neuf ans de prison, alors que l'accusation requérait entre 10 et 12 ans. C'est en particulier la concernant que la partie civile jugeait la première sanction prononcée trop clémente.

La cour réexaminera aussi le cas de Jean-Christophe Sombou, autre lieutenant présumé de Youssouf Fofana, condamné à 15 ans de réclusion alors que l'accusation en réclamait 20.

La partie civile souhaite des peines plus fermes. Les accusés savaient où Ilan Halimi était détenu et ont gardé le silence, contribuant donc à sa fin tragique, estime-t-elle.

La défense soulignait en première instance que ni l'assassinat ni la circonstance aggravante de l'antisémitisme (sauf pour un cas concernant ce dernier chef) n'étaient retenus contre les co-accusés de Youssouf Fofana.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse