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Police-Justice

Procès du White Wolves Klan: la peur et la soumission des membres

Des membres du White Wolves Klan avant le début de leur procès le 27 mars 2017 à Amiens

Des membres du White Wolves Klan avant le début de leur procès le 27 mars 2017 à Amiens - FRANCOIS LO PRESTI, AFP

Au deuxième jour du procès du White Wolves Klan, un groupuscule d'extrême-droite, le tribunal correctionnel d'Amiens a mis en lumière la "soumission servile" et la "violence exacerbée", a laquelle étaient soumis les membres du groupe.

Une "soumission servile" et une "violence exacerbée" sous un "vernis idéologique" nazi: au tribunal correctionnel d'Amiens, les rouages du groupuscule d'extrême-droite White Wolves Klan fondé par un sbire de Serge Ayoub ont été comparés mardi à ceux d'une "meute de loups dirigée par le loup en chef".

"A part les soirées alcoolisées et les stupéfiants, l'intérêt du groupe est d'être prêt au combat", démystifie Vincent O., enquêteur appelé à témoigner et présenté comme le spécialiste de l'ultra-droite au sein de la gendarmerie nationale.

Absence de "militantisme politique"

Co-fondé début 2013 et dirigé par Jérémy Mourain, 27 ans, le WWK est né sur les cendres de Troisième Voie, autre groupuscule qui avait à sa tête Serge Ayoub, ancien chef des skinheads d'extrême droite parisiens et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), et mentor de Mourain. Cette organisation avait annoncé son auto-dissolution, un mois avant d'être dissoute en juillet 2013, par décret du gouvernement après la mort du militant d'extrême gauche Clément Méric en juin 2013 à Paris, suite à une rixe dans laquelle étaient impliqués certains de ses membres.

"Contrairement à Troisième voie, le WWK se pose en mouvement de criminalité organisée où l'intellect laisse place à la crapulerie violente", nuance l'enquêteur, insistant sur l'absence de "militantisme politique".

Lynchages, vols, violences gratuites

Pas de tractage ni de manifestation mais des vols, des violences gratuites et des lynchages entre 2012 et 2014 contre les groupes rivaux, les personnes d'origine étrangère et même les membres du groupe réfractaires. Car quand "Zbig", "Papillon" ou "Popeye" rechignaient à la tâche, "c'était la punition, on se faisait taper dessus...", murmure Kevin Pate, tête de mort tatouée dans le cou et, à l'époque des faits, pas le dernier à mettre des coups en sa qualité de sergent d'armes.

"Le sergent d'armes, c'était un véritable bourreau", reconnaît Rémy Rousseau, l'air hagard. Lui était tout en bas de la hiérarchie et n'avait pas son mot à dire dans les décisions du groupe: "J'avais pas le droit de voter." Pourtant, derrière "ce simulacre de démocratie", Jérémy Mourain était "le seul à décider". "C'était une meute de loups dirigée par le loup en chef", admet l'enquêteur.

Serge Ayoub, fondateur du White Wolves Klan, arrive au tribunal d'Amiens, le 27 mars 2017
Serge Ayoub, fondateur du White Wolves Klan, arrive au tribunal d'Amiens, le 27 mars 2017 © FRANCOIS LO PRESTI, AFP

Terreau raciste

Les membres des "Loups blancs" étaient d'accord pour se faire scarifier une rune (symbole viking) sur la main, revêtir l'uniforme noir du clan, payer la cotisation mensuelle de 15 euros ou à défaut commettre des vols pour payer en nature. D'accord aussi pour obéir en toutes circonstances, sans broncher, à Mourain alias "Capone".

"Je ne voulais pas le mettre en rogne car j'ai pu subir plusieurs fois les foudres de son énervement", bredouille Jérémie Crauser, désormais dans la posture du repenti.

"Un moyen d'avoir une pseudo-famille"

Pourquoi rester? "La pression", "la crainte" et "la peur", ont avancé plusieurs prévenus tour à tour, marqués par un lynchage contre l'un des leurs auquel ils ont participé en 2014. "Je me disais que c'est ce qui m'arriverait si je voulais quitter le clan", avance Rémy Rousseau, l'air hagard.

Dans le clan "l'obéissance démesurée", "la soumission servile" et "la violence exacerbée intérieure et extérieure" étaient canalisées par un terreau raciste, même si les références au nazisme n'étaient qu'un "vernis idéologique", estime le gendarme.

Aux yeux de Christopher Letrou, l'un des prévenus, "le clan était un moyen d'avoir une pseudo-famille au lieu de continuer à galérer", comme c'était le cas de ses amis de castagne du clan, tous marginaux.

G.D. avec AFP