BFMTV
Police-Justice

Procès du Carlton de Lille: DSK s'agace

Dominique Strauss-Kahn, compatissant et impassible au premier jour de son audition dans le cadre du procès du Carlton de Lille, s'est montré plus combatif et véhément, ce mercredi. Ce qu'il faut en retenir.

Dominique Strauss-Kahn, compatissant et impassible au premier jour de son audition dans le cadre du procès du Carlton de Lille, s'est montré plus combatif et véhément, ce mercredi. Ce qu'il faut en retenir. - François Lo Presti - AFP

Dominique Strauss-Kahn, compatissant et impassible au premier jour de son audition dans le cadre du procès du Carlton de Lille, s'est montré plus combatif et véhément, ce mercredi. Son altercation avec l'ancienne prostituée Jade a constitué l'un des temps forts de la journée.

Impassible et compatissant mardi, indigné et combatif ce mercredi. Dominique Strauss-Kahn, sans changer d'un iota sa ligne de défense, a considérablement haussé le ton, au deuxième jour de son audition dans le cadre du procès du Carlton de Lille.

De nouveau confronté à des témoignages d'ex-prostituées ayant participé à des parties fines, l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a même fait preuve d'impatience face à ce qu'il considère comme le procès de sa vie sexuelle et de ses pratiques rudes.

"Je commence à en avoir un peu assez", a notamment lâché l'ancien patron du FMI, se tournant, avec un regard glacial vers Me David Lepidi, avocat de parties civiles dans ce procès pour proxénétisme aggravé.

"Je dois avoir une sexualité qui, par rapport à la moyenne des hommes, est plus rude", a concédé celui qui risque jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende pour proxénétisme aggravé. "Que certaines femmes ne l'apprécient pas, c'est leur droit, qu'elles soient prostituées ou pas."

Des pratiques liées à la prostitution?

C'est justement cette rudesse, voire la violence de DSK pendant l'acte sexuel, qui a occupé une nouvelle fois une grande partie des débats. L'ancien ministre a-t-il fait part de "brutalité" dans ses relations sexuelles, telles que rapportées par plusieurs participantes aux soirées incriminées, justement parce qu'il savait que ses partenaires étaient des prostituées?

"Les comportements que j'ai (...) n'ont de sens que s'ils impliquent que cela nécessite d'avoir des prostituées, ce qui est absurde", a-t-il rétorqué. "Sauf à vouloir me faire comparaître devant les juges pour pratiques dévoyées, ce qui n'existe plus", a encore fait remarquer DSK, dans une allusion à la sodomie.

Quand "Jade" a tourné le dos à DSK

Dominique Strauss-Kahn a toutefois eu forte à faire pour tenter de contrer l'effet qu'a pu produire le nouveau témoignage de "Jade", ancienne prostituée qui s'est portée partie civile. A la carte de l'insolence et des jeux de morts crus employés la veille, la jeune femme a, ce mercredi, eu du mal à retenir ses larmes en évoquant de nouveau ses rapports sexuels avec DSK.

Ainsi, dans une chambre d'hôtel bruxelloise, après une soirée dans un club échangiste belge en automne 2009, Jade a relaté, avec difficulté, un moment "plus que désagréable" quand elle a "tourné le dos à Dominique Strauss-Kahn". "Chaque fois que je vois sa photo, je revis cet empalement de l'intérieur qui me déchire dedans, parce qu'aucun client n'aurait jamais fait ça", a-t-elle encore affirmé, en sanglots. "Pour m'avoir infligé ce qu'il m'a infligé, il ne pouvait avoir que peu de respect pour moi", a-t-elle encore accusé.

Une continuelle ligne de défense 

Mais à plusieurs reprises, tout comme la veille, DSK a nié. En boucle. Compatissant mardi envers Jade, selon ses propres termes, celui qui fut le favori pour la présidentielle de 2012 a ce coup-ci haussé le ton face aux accusations de la jeune fille:

"La pratique sexuelle peut ne pas plaire à Jade, elle peut appeler ça de l'abattage, mais cela ne veut pas dire que ce sont des prostituées", a-t-il martelé. Selon DSK, l'accusation a employé depuis le début de l'affaire une "logique fausse continuelle". "Vu les pratiques sexuelles du monsieur, il faut des prostituées", a-t-il dénoncé. Tout au long de ses interventions, au contraire d'autres prévenus, Dominique Strauss-Kahn est apparu direct, sans jamais ne se reprendre. Sa version des faits, elle, n'a jamais varié d'un iota.

Une photo à Washington, et une question "d'abattage"

Toujours au sujet de "Jade", une photo existe. Sur cette dernière, attachée au dossier, la jeune fille apparaît souriante, au côté de Dominique Strauss-Kahn. Un cliché pris dans le bureau de DSK, au FMI, à Washington. Pour ce dernier, s'il avait su un seul instant que cette jeune fille était une prostituée, il n'aurait alors "jamais permis cette photo", qui aurait pu être diffusée par les médias en cas d'affaire...

Toujours imperturbable, Dominique Strauss-Kahn s'est également étonné, en toute fin de journée, de l'emploi systématique du terme "abattage", durant les dépositions de jeunes filles et des témoignages de prostituées à la barre. Flirtant un tant soit peu sur la théorie du complot, le prévenu s'est dit surpris. "Quand un même terme revient deux, trois, quatre fois, ça ne peut pas être un hasard, ça me paraît bizarre qu'il soit dans la bouche de tout le monde", a-t-il ainsi déclaré, avant que l'audience ne soit suspendue jusqu'à ce jeudi, 9h30. Dernière journée durant laquelle DSK aura l'occasion de se défendre.

Jérémy Maccaud avec AFP