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Procès de Rédoine Faïd: son frère Brahim, "un Monsieur tout le monde" accusé de complicité

La cour d'assises de Paris se penche ce jeudi sur la personnalité des frères Faïd. Rédoine, Rachid et Brahim Faïd comparaissent tous les trois pour l'évasion du braqueur en 2018 de la prison de Réau.

Dans la famille Faïd, il y a évidemment Rédoine, le braqueur multirécidiviste de 51 ans, qui comparaît actuellement pour son évasion spectaculaire du centre pénitentiaire de Réau le 1er juillet 2018. Il y a surtout Rachid, 65 ans, "celui sur lequel on peut compter" qui est suspecté d'avoir fait partie du commando. Et ce jeudi matin devant la cour d'assises de Paris, il y a Brahim, 63 ans. Le cinquième de cette fratrie de 11 enfants était lui présent au parloir lorsque son frère s'est fait la belle.

Polo rose saumon, lunettes rectangulaires à monture noire, crâne dégarni, Brahim Faïd, casier judiciaire vierge, a toujours nié avoir eu une quelconque implication dans cette évasion et dans un projet d'évasion imaginé en 2017 par son frère cadet et pour lequel il aurait joué un rôle d'intermédiaire avec le grand banditisme corse.

"Il m’a abusé au moment de l’évasion, j’ignorais les méfaits", maintient-il ce jeudi face à la cour d'assises, dans cette salle d'audience où sa présence dénote.

"Un Monsieur tout le monde"

Le 1er juillet 2018, Rédoine Faïd lui avait demandé d'avancer l'heure de son parloir, prétextant vouloir regarder les matches de la Coupe du monde. C'est comme ça qu'il s'était retrouvé en garde à vue puis suspecté d'avoir eu un rôle actif dans l'évasion.

"C’est un jour qu’il a très mal vécu, le fait d’être en garde à vue. Il est venu à la maison, ils sont repartis avec lui... devant mes petits frères et sœurs, c’était très choquant", se souvient sa fille aînée, élève à Science Po, venue témoigner devant la justice. Car Brahim Faïd, c'est un "vieux pépère tranquille", comme a témoigné un de ses frères pendant l'instruction.

"Un bosseur, un Monsieur tout le monde", comme l'accusé l'a répété ce jeudi devant la justice.

Cinquième de la fratrie Faïd, Brahim Faïd est né en Algérie. Il décrit une enfance heureuse, dans une famille aimante. A l'âge adulte, les liens se sont maintenus, sans pour autant que les relations entre les onze frères et soeurs soient quotidiennes.

Avec Rédoine, de quasiment dix ans son cadet, leur "relation était proche et ça s’est accentué par rapport à la situation dans laquelle il est". En 2018, Brahim Faïd, qui a toujours travaillé, n'a plus d'activité en raison d'un accident au travail. Il s'occupe de ses cinq enfants. Un proche viendra d'ailleurs dire avoir été touché par "l'éducation parfaite" qui leur donne.

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Trois parloirs par semaine avec Rédoine Faïd

Brahim Faïd rend aussi visite à son frère trois fois par semaine en prison. Le sexuagénaire, à l'allure et à la vie simples, explique regretter ne pas avoir plus vu son frère lorsque ce dernier était libre entre 2009 et 2011. "Il estimait que son frère avait besoin de soutien, et qu’il serait toujours là pour le soutenir", explique l'enquêteur de personnalité au sujet de ces parloirs rapprochés. D'ailleurs, s'il lui en a voulu un temps, aujourd'hui, il "pardonne" à Rédoine Faïd.

"J’avais une vie tranquille moi avant cela, j’ai rien fait moi madame", insiste encore Brahim Faïd auprès de la cour, semblant à peine comprendre sa présence dans cette salle d'audience.

On pourrait presque croire qu'il a déjà convaincu la cour quand la présidente lui lance "Monsieur, la cour vous remercie, vous pouvez désormais rester dans la salle". Cette phrase est traditionnellement prononcée à la suite des auditions de témoins, sauf que Brahim Faid est... accusé.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV