Procès d'un chauffard qui avait foncé dans la foule en Alsace

par Gilbert Reilhac

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Le procès d'un jeune Mulhousien qui avait foncé en voiture sur la foule à la sortie d'une fête de village en Alsace, faisant un mort et une quinzaine de blessés, s'est ouvert mercredi à Colmar devant la cour d'assises du Haut-Rhin.

Abdelkader Gridda, qui est aujourd'hui âgé de 25 ans, est accusé de meurtre et tentatives de meurtre.

Il s'était présenté le 30 juin 2007 à la "Humpafascht", la fête de la bière de Berrwiller, alors qu'il était sous l'emprise de l'alcool et du cannabis, et n'avait pas supporté de s'en faire expulser en raison de son comportement.

Après s'être querellé verbalement avec plusieurs personnes, il était reparti vers trois heures du matin au volant de sa voiture mais avait fait demi-tour pour accélérer en arrivant sur la foule rassemblée près du chapiteau qui abritait l'événement.

L'interrogatoire a fait apparaître le portrait d'un garçon instable, petit dernier d'une fratrie de quatre, "chouchouté" par sa mère, et le seul à n'avoir pas trouvé sa place dans la société au sein de cette famille d'origine marocaine.

"J'ai eu quelques difficultés pendant mon adolescence. Je ne me sentais pas très bien dans ma peau et je faisais des conneries", reconnaît l'accusé, jeune homme mince aux traits effilés élégamment vêtu d'une chemise blanche et d'une veste gris perle, qui regarde le président en baissant la tête.

ALCOOL ET CANNABIS

Les "conneries", ce sont les cours qu'il sèche abondamment dès 14 ans au collège, la consommation de cannabis avec les copains et les "vols à l'étalage" pour en financer l'achat.

Son premier élément de diplôme, la partie théorique d'un CAP de cuisinier, il vient de l'obtenir en prison.

François Biringer, un psychologue qui a examiné Abdelkader Gridda, explique les faits par la conjonction "d'une réaction impulsive à la frustration et de l'effet désinhibiteur" de l'alcool et du cannabis.

Les incriminations d'assassinat et de tentatives d'assassinat, d'abord retenues par le juge d'instruction, ont été requalifiées en homicides et tentatives d'homicides volontaires par la cour d'appel.

Le jeune homme, qui était travailleur intérimaire dans une entreprise industrielle au moment des faits, est passible d'une peine de 30 ans de prison.

Son avocate, Me Delphine Gilbert, entend plaider les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. "Il n'a jamais eu l'intention de tuer qui que ce soit", a-t-elle dit à Reuters avant l'ouverture du procès.

Une thèse qui ne tient pas, pour Me Thierry Moser, conseil de la famille de Benoît Prost, le jeune homme de 22 ans qui a perdu la vie.

"Abdelkader Gridda a lancé son véhicule sur la foule sans freiner ni s'arrêter, à une vitesse de l'ordre de 60 km/h. Il a transformé son véhicule en une arme mortelle", dit-il.

Le procès doit s'achever le 4 novembre.

Édité par Gilles Trequesser