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Police-Justice

Procédures anonymes, légitime défense, armes... le plan police de Cazeneuve

A l'issue d'une réunion à l'Elysée avec les représentants des syndicats policiers, en présence de François Hollande, le ministre de l'Intérieur a annoncé une série de mesures pour tenter de calmer la colère des policiers.

Un plan à 250 millions d'euros pour tenter de répondre aux revendications des policiers. Le président de la République, François Hollande, a rencontré mercredi soir les représentants des organisations syndicales des policiers pour tenter de mettre fin à une colère qui se fait entendre depuis plus d'une semaine. A l'issue de cette réunion, le ministre de l'Intérieur a annoncé une série de mesures autour de deux axes dans le cadre d'un plan sur la sécurité publique

"Un effort supplémentaire est nécessaire aujourd’hui (...) en raison d’un contexte de violence inédit", assure Bernard Cazeneuve, qui insiste sur les efforts menés depuis le début du quinquennat.

Alors que le mouvement policier est largement soutenu par l'opinion publique, le gouvernement a voulu frapper fort et assure "se donner les moyens de ses ambitions" en débloquant 250 millions d'euros. Et tente d'apporter une réponse à l'une des principales demandes des policiers: l'élargissement des conditions de la légitime défense. Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas y étant clairement opposé, une proposition, faite en coordination entre les deux ministères, sur les conditions de ce régime sera faite au Parlement d'ici fin novembre. 

Cet examen se fera "dans un cadre juridique dans le respect de l’état de droit", promet le patron de la place Beauvau.

Fin des tâches indues

Dénonçant le manque de considération, les policiers ont été en partie entendu puisque le régime juridique pour outrage à personne dépositaire de l'autorité publique va être aligné sur celui fait aux magistrats passant ainsi de six mois à un an de prison ferme. "C'est indispensable car la République ne peut transiger à l'égard de ceux qui s'en prennent à ces hommes et ses femmes qui protègent nos concitoyens", prévient le ministre. Bernard Cazeneuve a également annoncé le renforcement de l'anonymisation des procédures afin de protéger enquêteurs, à la fois dans le cadre d'enquêtes qui le justifient mais également lors d'interventions sensibles avec le port de cagoule et ainsi tenter d'éviter de répéter le drame de Magnanville.

Depuis plusieurs mois, les policiers expriment également leur fatigue. Pour faire face aux tâches dites indues, les gardes statiques devant les préfectures et les tribunaux vont être supprimées immédiatement et remplacées par des gardes dynamiques. Le recours à des sociétés de gardiennage va être étudié pour assurer ces gardes statiques. Par ailleurs, une convention avec les médecins de ville devrait être signée. Ces derniers viendront dans les commissariats pour la prise en charge des personnes contrôlées en état d'ébriété. Les policiers n'auront plus en charge le transport de ces individus vers les hôpitaux.

Renforts des moyens

Côté moyens, le ministre de l'Intérieur a fait état de la formation de 4.600 gardiens de la paix en 2016. A ce chiffre, s'ajoutera 4.600 autres qui sortiront d'école pour l'année 2017. Ces nouveaux effectifs seront en priorité affectés à la sécurité publique. Au premier trimestre prochain, 21.700 gilets porte-plaques (destiné à protéger des balles et des traumatismes, NDLR) et 20.000 gilets par balles individuels seront livrés aux policiers et gendarmes. 8.000 casques, 4.730 boucliers balistiques souples, ainsi que 440 fusils d'assaut HK G36 et 5.500 "armes modernes, nouvelles, compactes et maniables" vont être également fournis aux forces de l'ordre.

Enfin, les compagnies départementales d'intervention, qui assurent des missions de maintien de l’ordre et de protection des biens et des personnes, seront dotés des mêmes équipements que les Brigade anti-criminalité (BAC). Par ailleurs, dès 2017, chaque véhicule de police-secours ou équipage de gendarmerie devra être équipé d'un extincteur, d'une couverture anti-feu et d'une trousse de secours d'urgence. Des tenues résistantes au feu vont également être commandées.

"Nous déploierons des véhicules protégés dans les quartiers les plus difficiles pour aller chercher les délinquants", promet Bernard Cazeneuve, annonçant la mise en circulation de 3.080 véhicules neufs.

Cet arsenal de mesures pourrait ne pas éteindre l'incendie déclenché après l'agression violente de quatre policiers à Viry-Châtillon en Essonne. Si ce mercredi les syndicats ont été reçus, les nombreux policiers participants aux cortèges non syndiqués attendent toujours un rendez-vous avec le ministre de l'Intérieur.

Justine Chevalier avec Marion Dubreuil