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Police-Justice

Prisons : un nouveau rapport accablant

Deux détenus réclament réparation à l'État pour leurs conditions de détention dans les maisons d'arrêt de Bois d'Arcy et de Nanterre

Deux détenus réclament réparation à l'État pour leurs conditions de détention dans les maisons d'arrêt de Bois d'Arcy et de Nanterre - -

Cellules pas ventilées, repas froids, douches sales... L’Etat français est à nouveau attaqué sur ses maisons d’arrêts et leurs conditions de détention « indignes ».

Deux détenus réclament réparation à l'État pour leurs conditions de détention dans les maisons d'arrêt de Bois d'Arcy et de Nanterre. Un rapport demandé à un cabinet d'expertise indépendant par le Tribunal administratif de Versailles, montre en effet que la ventilation ne fonctionne pas dans les cellules. Et ce « depuis plus de 25 ans ! », s’exclame Maître Fabien Arakelian, l'avocat des 2 détenus qui ont demandé réparation à l'Etat.
Dans cet établissement, les détenus passent plus de 20 heures sur 24 dans une cellule de 9m2, parfois à plusieurs. Sans ventilation, il y a de la condensation sur les murs, ce qui les oblige à ouvrir les fenêtres et on imagine bien le problème en hiver.

Repas refroidis, douches sales...

Autre point épinglé par ce rapport : les repas. Les détenus se plaignent qu'ils mangent froid et le rapport précise qu'ils peuvent effectivement être servis 45 minutes après le départ du chariot. L'état des douches, sales, est également dénoncé : il y a parfois des excréments selon les détenus, mais l'expert affirme qu'elles ont été nettoyées avant sa venue.
Evoquant l’« indignité » dont souffrent donc les détenus, Me Arakelian conclut : « J’exagère à peine en disant qu’on est en présence d’une double peine ».

L’Etat déjà condamné à verser 67.000 € à 38 détenus

Déjà condamné plusieurs fois pour des incarcérations dans des conditions indignes, l’Etat, il y a un mois, a par exemple dû verser 67.000 € à 38 détenus, après le jugement du Tribunal administratif de Rouen. Ce qui est plus inquiétant cette fois, c'est que les 2 maisons d'arrêt concernées ne sont pas réputées pour être les plus vétustes. Celle de Nanterre date des années 80 seulement.

« On ne peut pas rattraper des décennies de retard en quelques mois »

Face à cette situation, le ministère de la Justice, tente de se défendre, par la voix de son porte-parole, Guillaume Didier : « Des détenus ont le droit d’intenter des actions. Nous, devant les tribunaux, nous plaidons les efforts extrêmement importants qui sont aujourd’hui engagés. Le budget de l’administration pénitentiaire a augmenté de 95% depuis 2002. Il faut que les Français sachent : près de 3 milliards d’euros sont consacrés chaque année aux prisons françaises. Chaque jour, de nouvelles places ouvrent ou sont construites, dans le sens d’une modernisation. Mais on ne peut pas rattraper des décennies de retard en quelques mois. »

La Rédaction, avec Claire Andrieux