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Position de la voiture, cris, lunettes: les étapes du transport sur les lieux dans l'affaire Jubillar

Le 13 décembre dernier, les enquêteurs ont cherché à retracer le déroulé de la nuit pendant laquelle Delphine Jubillar a disparu de chez elle, sans laisser de traces, laissant derrière elle ses deux enfants.

Le 13 décembre dernier, presque deux ans jour pour jour après la disparition de Delphine Jubillar, son époux, Cédric, a été amené au domicile familial de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, pour un "transport sur les lieux". Pendant six heures, juges d'instruction, parties civiles, avocats de la défense, gendarmes de la Section de recherche en charge de l'enquête ou encore témoins ont pris part à l’opération visant à retracer le déroulé de la nuit qui a conduit à la disparition. BFMTV révèle ce jeudi les étapes de cette soirée.

Le transport sur les lieux a débuté à 20h, s'intéressant tout d'abord au positionnement de la voiture de Delphine Jubillar, dans l'allée de sa maison. Plusieurs voisins ont ainsi été réentendus. Ils affirment avoir vu, le 15 décembre 2021 avant 21h15, le véhicule de l'infirmière garée, capot vers le haut de l'allée. Arrivés à 4h51 ce soir-là sur les lieux, les gendarmes ont quant à eux constaté que la voiture était garée capot vers le bas.

À la recherche d'un scénario

Face à la scène, les magistrats demandent donc à Cédric Jubillar s'il a utilisé la voiture de son épouse au cours de la soirée. L'homme, mis en examen pour le meurtre de sa conjointe depuis juin 2021, répond par la négative. Pourtant, selon les voisins et la meilleure amie de Delphine Jubillar, l'infirmière se garait systématiquement avec le capot vers le haut de l'allée. Si la voiture a changé de sens cette nuit-là, c’est parce que Cédric Jubillar l’a utilisée, veulent-ils croire.  

"Elle se garait toujours vers là-haut quand elle revenait du travail et vers le bas quand elle revenait de la crèche", se défend-il, selon les informations de BFMTV.  

Pour Me Laurent Boguet, l'un des avocats des enfants du couple, "les déclarations de ces témoins nous sont apparues extrêmement authentiques". "C'est un scénario qui se dessine", a-t-il estimé auprès de l'AFP.

Lors de cette mis en scène, le témoignage de l'aîné du couple Louis, 6 ans au moment des faits, a également été relu. Devant les enquêteurs, l'enfant avait indiqué qu'une dispute avait éclaté entre ses parents le soir de la disparition. Une voisine avait également affirmé avoir entendu des cris. À ce titre, un ingénieur du son a pris part à la procédure: des cris stridents ont ainsi été recréés depuis la terrasse de la cuisine et le devant du domicile du couple, par une femme tenant le rôle de la disparue au cours de l'opération.

"Des cris de terreur"

La voisine est positionnée devant chez elle et réagit: "J’ai l’impression que la personne n’était pas située au même endroit. C’est peut-être une impression. Je peux vous dire que c’était pas des cris comme ça. J’essaie de me remémorer. Les cris étaient moins longs. Ils se confondaient avec les aboiements et les couinements. C’était un mélange", a-t-elle dit, selon les informations de BFMTV.  

Et d'estimer qu'il s'agissait de "cris de terreur, pas de douleur."  

Pour Me Mourad Battikh, avocat de proches de Delphine Jubillar, le fait que, lors de la reconstitution, ces cris aient été "entendus à 130 mètres de distance sans aucune difficulté" par la voisine, démontre que son témoignage "est d'autant plus crédible ce soir", a-t-il expliqué à l'AFP.

Et d'ajouter: "La violente dispute qui a éclaté ce soir-là (...) est corroborée de l'intérieur par Louis, de l'extérieur aujourd'hui, et on en est sûrs, par la voisine qui a entendu des cris d'effros et (...) évidemment corroborée par cette paire de lunettes" appartenant à Delphine Jubillar et retrouvée cassée à l'intérieur du domicile.

Le mis en cause nie toujours

Face à ces témoignages, Cédric Jubillar reste néanmoins stoïque et insiste, selon les informations de BFMTV: "On ne s’est jamais disputés ce soir-là." Concernant les lunettes cassées, il affirme n'avoir rien à dire à ce sujet. Les magistrats persistent: "Vous n’avez rien à dire sur le fait qu’elles aient été retrouvées sous le canapé?"

"Elles se sont retrouvées dessous quand ils [les gendarmes, ndlr] ont tiré le canapé", répond le mis en cause.  

Les questions se poursuivent: "Quand votre femme a disparu, les lunettes sont en trois morceaux, vous ne vous en inquiétez pas?". Réponse: "Non, parce qu'elles étaient souvent comme ça".

Faute de corps, d'aveux ou de preuve irréfutable, nombreux sont ceux qui ont préféré parler en amont d'une "mise en situation" plutôt que d'une "reconstitution". Quoi qu'il en soit, les enquêteurs et le parquet de Toulouse espèrent désormais que l'instruction du dossier Jubillar pourra être bouclée et déboucher, éventuellement, sur un procès.

Le service police-justice