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Police-Justice

Policiers blessés à Lyon: les oppositions dénoncent le cafouillage de Gérald Darmanin

Le ministre de l'Intérieur est accusé d'être allé trop vite dans sa communication en annonçant l'interpellation, et l'expulsion à venir, d'un délinquant étranger, pourtant mis hors de cause dans l'affaire évoquée.

"Voilà ce qui arrive quand la communication prime sur l'action", a dénoncé Sandra Regol, députée EELV-Nupes, sur BFMTV ce dimanche. Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé sur Twitter que l'un des suspects dans l'affaire des trois policiers agressés à Lyon mercredi soir avait été interpellé.

Un "étranger", a précisé le ministre, ajoutant qu'il "a été placé en rétention et sera expulsé" dans la foulée. Problème, quelques minutes plus tard: le parquet de Lyon a indiqué que "la personne placée en garde à vue (...) a été libérée et a été totalement mise hors de cause".

Dans un second tweet publié trois heures après l'initial, Gérald Darmanin a estimé qu'en "lien avec les événements ou non (...) cet individu n'a rien à faire dans notre pays", l'homme étant en situation irrégulière et serait déjà très défavorablement connu des autorités.

Un cafouillage qui a suscité beaucoup de réactions et les commentaires politiques des oppositions ne se sont pas faits attendre.

"Draguer ouvertement l'extrême droite"

"L'envie de Gérald Darmanin de pouvoir rivaliser avec Marine Le Pen et le RN en termes de façon de taper sur les immigrés l'a emporté sur ce qui est normalement le travail d'un ministre de l'Intérieur, à savoir vérifier ses informations", a dénoncé Sandra Regol sur notre antenne.

La députée, également co-dirigeante d'EELV, a déploré l'attitude de Gérald Darmanin qui, selon elle, fait primer "la communication" sur "l'action". "Quand des personnes sont poursuivies pour des faits, elles doivent être jugées pour ces faits", a-t-elle ajouté, estimant qu'il ne faut pas "considérer qu'une personne, parce qu'elle a fauté par le passé, doit être fautive le reste de sa vie".

Le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle a lui aussi réagi à la polémique en accusant le ministre de l'Intérieur de "drague(r) ouvertement l'extrême droite en reprenant ses mots et ses idées" et de "passe(r) outre l'État de droit en prévoyant d'expulser un 'délinquant étranger' sans attendre le résultat des investigations". "Encore un symbole d'une dérive consternante et inquiétante", a-t-il estimé.

Une politique "à coups de tweets"

Les critiques sont également venues de la droite de l'échiquier politique. Isabelle Ramet, adjointe au maire du 6e arrondissement de Lyon en charge de la sécurité, a dénoncé sur BFMTV les tweets du ministre de l'Intérieur. "J'ai l'impression que la politique du gouvernement se fait à coup de tweets", a-t-elle déploré, prônant "une communication plus posée avec une concertation de toutes les instances et de tous les élus".

"Le ministre est allé trop vite et c'est le problème de la volonté de communiquer à tout va sur les réseaux sociaux", a abondé dans le même sens Hubert Julien-Laferrière, député Nupes de la 2è circonscription du Rhône.

"J'ai connu un Gérald Darmanin plus regardant avec la présomption d'innocence sur d'autres affaires", a grincé le député, pour conclure.

Salomé Robles