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Police-Justice

Police : les Français de plus en plus fichés

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Selon un rapport parlementaire publié hier jeudi, les fichiers de police se multiplient : de 58 en 2009, on est passé à 80 en 2011. Et le nombre de personnes fichées augmente aussi en flèche : un Français sur 10 serait fiché. Des chiffres qui inquiètent certains spécialistes…

Sur les 80 fichiers de police existants aujourd’hui, 45% attendent d'être légalisés. Un processus en cours, mais particulièrement lent. Et le nombre de personnes fichées augmente aussi en flèche : un Français sur 10 serait fiché. Dans le plus grand fichier judiciaire, le Système de traitement des infractions constatées (STIC), 6,5 millions de personnes mises en cause sont fichées (contre 4 millions en 2009) et 38 millions de victimes. Le fichier des empreintes génétiques atteint presque 2 millions de personnes.

« On a l’impression qu’on veut ficher tous les Français »

Face à cette augmentation considérable du nombre de personnes fichées, Jean-Claude Vitran, responsable du groupe de travail ‘Liberté et informatique’ à la Ligue des Droits de l'Homme, s’insurge : « On est horrifiés, c’est intolérable ! D’autant plus qu’on a l’impression qu’on veut maintenant ficher l’ensemble des Français, sans distinction. Dès l’instant où on n’est pas poursuivi, blanchi, on devrait être retiré du STIC, un fichier théoriquement mis à jour par les procureurs de la République. Mais les services de la justice disent qu’ils n’ont pas suffisamment de personnel, de moyens, pour le faire. Et certains disent : mieux vaut le garder, parce que ça peut toujours servir. Mais à ce moment-là, on peut tout garder ; c’est là où ça ne va pas ! ».

« Simplement pour plus d’efficacité »

Jacques-Alain Bénisti, député du Val de Marne, l'un des auteurs du rapport, estime de son côté qu'il ne faut pas s'inquiéter de la multiplication des fichiers de police : « Les services de police multiplient les fichiers, simplement pour plus d’efficacité. Il y a des délinquants sexuels, des cambrioleurs, des vols à mains armées, des vols de portables… C’est normal qu’il y ait des fichiers qui correspondent à des actes de délinquance bien précis. C’est pour ça qu’on a ce taux d’élucidation qui ne cesse d’augmenter, et on a beaucoup plus d’affaires qui sortent beaucoup plus rapidement grâce à ces fichiers. Mais par contre, il ne faut pas hésiter à les régulariser – c’est ce qu’on a dit au ministère de l’Intérieur –, et à faire en sorte que la Cnil opère son contrôle sur l’ensemble de ces fichiers ».

« Des millions de fiches comportent des infos inexactes »

Inquiet, l’avocat William Bourdon dénonce les dérives de ces fichiers : « Aujourd’hui on est dans une situation de déséquilibre, qu’il faut corriger. Ça passe par permettre aux citoyens d’exercer un véritable contrôle, une véritable surveillance sur les fiches qui les concernent, pour pouvoir les faire corriger par les juges, dans un délai relativement bref ; ce qui est très loin d’être le cas aujourd’hui : l’avant-dernier rapport de la Cnil pointait du doigt que des millions de fiches comportaient des informations inexactes. C’est grave, si vous vous faites arrêter et que les policiers piochent dans le fichier et vous affectent d’un passé judiciaire qui n’est pas le vôtre, ça peut parfois conduire à de graves dégâts irréversibles ».