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Police-Justice

Police: les effectifs remontent depuis 2012 au détriment des moyens de fonctionnement

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INFOGRAPHIE - Malgré les annonces successives de création de postes, l’effectif de policiers et de gendarmes en France ne retrouvera pas en 2017 son niveau de 2007. La grogne monte chez les policiers, qui pointe du doigt le manque de moyens financiers et humains.

Les policiers sont en colère. Ils ont manifesté à plusieurs reprises en ce début de semaine pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Parmi leurs revendications, des effectifs jugés insuffisants. Depuis les attentats du 13 novembre 2015, le gouvernement communique sur l’augmentation du nombre de policiers et de gendarmes, réduit lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cependant, même en 2017, l’effectif dédié à la sécurité intérieure ne retrouvera pas son niveau de 2007. Explications.

Chaque année, le projet de loi de finances définit un plafond maximal d’emplois pour la police et la gendarmerie nationale. En remontant les archives de l’Assemblée nationale, il est possible d’établir un historique de ces derniers jusqu’en 2007. A partir de 2006, l’administration a en effet normalisé ses documents pour présenter tous ses chiffres en "ETP", équivalent temps plein.

Une création d'emplois "artificiellement élevée" ?

Les 249.271 postes prévus par la loi de finance de 2017 correspondent à un plafond maximal. Certains emplois prévus par la loi restent non pourvus. Sur le site de la performance publique, on apprend par exemple qu’en 2015, sur les 145.197 postes de policiers prévus, seuls 143.982 ont trouvé preneur. Depuis 2006, le taux de sous-consommation des emplois stagne aux environs de 2%.

La Cour des comptes dénonce cette "sous-exécution chronique" du plafond d’emplois, en particulier dans la gendarmerie. Le Sénat parle d’un "plafond d’emplois artificiellement élevé". "En la matière, les évolutions prévues dans les documents budgétaires relatifs à la gendarmerie nationale semblent davantage répondre à un objectif d'affichage politique que de sincérité budgétaire", estime Jean-Pierre Vogel, le rapporteur spécial.

Les moyens de fonctionnement laissés pour compte

Dans ce même document, le Sénat pointe également du doigt la concentration de l’effort budgétaire sur la création d’emploi. En 2016, plus de 87.6 % des dépenses sont consacrées au personnel, au détriment des moyens de fonctionnement.

Le Sénat donne l’exemple du vieillissement du parc automobile des forces de l’ordre. Dans leurs manifestations, les policiers ont justement dénoncé le manque de moyens financiers.

Emeline Gaube