BFMTV
Police-Justice

"Pas de guet-apens": après les affrontements à Mantes-la-Jolie, des jeunes contestent la version de la police

TÉMOIGNAGE BFM PARIS - Près d'une semaine après des affrontements violents survenus à Mantes-la-Jolie, deux jeunes du quartier du Val-Fourré contestent la version du "guet-apens" soutenue par la police. Une enquête de l'IGPN a été ouverte, alors qu'un jeune homme a été grièvement blessé à l'oeil.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des heurts ont éclaté dans le quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. Selon la police, des fonctionnaires de police ont été la cible de projectiles, mortiers d'artifice et cocktails Molotov alors qu'ils intervenaient pour une voiture en feu. Les policiers ont répliqué avec grenades de désencerclement, grenades lacrymogènes et LBD. 

Au lendemain de ces violences les syndicats de police et le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nunez avaient dénoncé un "guet-apens". Mais près d'une semaine après, le déroulé des faits est contredit par des habitants du quartier, qui souhaitent livrer leur version. 

"On a pris du recul et on souhaite s'exprimer, la police a donné sa version, là on souhaite rétablir la vérité", explique Alassane, témoin des affrontements. 
"Des tirs de mortier, j'en ai pas beaucoup, peut-être un ou deux, après ils ont parlé de cocktails Molotov, il y en avait zéro. Ils ont parlé de pompiers qui ont été pris à partie, il y avait zéro patrouille de pompiers", résume Alahou, également témoin des heurts. 

"Mon ami a perdu son oeil" 

Ils contestent la version du "guet-apens" relatée par les policiers. "Il n'y a pas de guet-apens ici, jamais", ajoute Alassane. 

Pour ces jeunes de ce quartier sensible, la police n'est pas la victime. Ils nous parlent de leur ami blessé pendant les affrontements.

"Mon ami a perdu son oeil. Il rentrait tranquillement chez lui, avant de rentrer chez lui il s'est mangé une balle dans l'oeil et voilà, ils ont gâché sa vie", juge Alassane. Alassane et Alahou rejettent par ailleurs l'étiquette de délinquant.
"Nous ne sommes pas des délinquants, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Nous on est ambitieux, on veut s'en sortir, on travail. On n'est pas l'image qu'ils veulent nous coller", insistent-ils. 

Ras-le-bol policier

Côté forces de l'ordre, le syndicat de police Alliance maintient sa version. Les policiers crient leur ras-le-bol face à la montée de la violence dans le quartier. Pour eux, la soirée de jeudi était bien un guet-apens.

"Au tout début de l'attaque on parle de 30, 40 individus mais très vite, de nombreux individus sont venus se greffer, très vite il y avait une centaine d'assaillants. Il a fallu un dispositif lourd et des renforts venus de tout le département pour extraire mes collègues", soutient Julien Le Cam, secrétaire départemental Alliance dans les Yvelines. 

Pour lui, le jeune blessé pourrait s'être blessé "en manipulant un feu d'artifice ou un mortier". Julien Le Cam rappelle par ailleurs qu'un policier a également été blessé, "brûlé à la cuisse". Il dénonce également la "banalisation" des violences.

"Ce même soir des collègues ont essuyé une attaque aux Mureaux, et une attaque à Trappes. Les jeunes, les délinquants, puisqu'il faut les appeler tel quel, ne se rendent pas comptent de la gravité de ces faits", ajoute le syndicaliste. 

L'IGPN a été saisie après les affrontements à Mantes-la-Jolie. La police des polices va enquêter sur les conditions d'usage des armes de défense des policiers. En parallèle, une enquête se poursuit pour violences en réunion avec guet-apens et arme ainsi que participation à un groupement formé en vue de la commission de violences et outrages sur personne dépositaire de l'autorité publique 

Simon Azélie, Thibaut Cordier, Julie Pierret avec Carole Blanchard