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Police-Justice

Pas-de-Calais: 20 ans de réclusion pour un homme qui a martyrisé son nourrisson à mort

La Salle des Assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer

La Salle des Assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer - PHILIPPE HUGUEN / AFP

La petite Ambre, qui n'a vécu que 47 jours, avait le corps couvert de fractures. Elle est morte d'un oedème cérébral en mai 2015.

Le père d'un nourrisson de six semaines a été condamné vendredi à 20 ans de réclusion par la Cour d'assises du Pas-de-Calais pour avoir martyrisé à mort son enfant en 2015, notamment en le secouant sans cesse.

La mère de la petite Ambre, accusée de "privation de soin", a été condamnée à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, et écrouée alors qu'elle comparaissait libre.

"C'est un bébé martyr qui a vécu 47 jours dont 35 jours de violences. Le corps d'Ambre n'était que fractures", a dit l'avocat général Patrick Leleu lors de son réquisitoire.

Bleus sur le visage, le dos et les chevilles

Le 16 mai 2015, Ambre ne se sent pas bien. Ses parents appellent les secours. Hospitalisée à Saint-Omer, où ils résident, elle sera ensuite transférée à Lille, où les parents ne viendront la voir que le 19. Ils seront alors interpellés. La petite décédera d'un oedème cérébral le 21.

L'enfant souffre aussi d'un traumatisme crânien, de fractures de l'humérus et de la clavicule, de bleus sur le visage, le dos, les chevilles. L'enquête révélera que son père la suspendait par les chevilles ou les aisselles "pour la calmer" et qu'il la projetait contre la table à langer. Il la secouait quotidiennement, car il ne supportait pas ses cris.

La mère a répété à l'audience qu'elle n'avait jamais assisté à ces scènes, mais qu'elle montait le son de la télévision dans leur appartement de Saint-Omer. Elle était également victime de coups de son compagnon.

"Je regrette tout ça"

Celui-ci, né en Roumanie, 25 ans à l'époque des faits, avait été adopté à un an par une famille du Pas-de-Calais. Atteint de psychose infantile, décelée à 12 ans, il avait été placé en foyer en Belgique jusqu'à sa majorité. De retour en France, il avait été placé sous curatelle renforcée. 

Après avoir raté un concours d'entrée dans l'armée, il avait arrêté son traitement de médicaments stabilisateurs en avril 2015, période correspondant aux premiers coups portés sur le bébé.

"Au moyen-âge il y avait la peine de mort et c'est sincèrement ce que je mérite pour ce que j'ai fait à ma fille. Je regrette tout ça", a déclaré l'accusé avant que les jurés ne se retirent pour délibérer. 

La mère, 20 ans lors du décès d'Ambre, est issue d'un milieu où règne la violence conjugale. Sa mère meurt à 32 ans sous les coups de son conjoint, alors qu'elle avait deux ans. Après la mort d'Ambre, elle a eu deux enfants d'une nouvelle union et est enceinte. 

C. P. avec AFP