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Police-Justice

Paris toujours sous le feu des critiques au sujet des roms

Démantèlement d'un camp illégal de Roms à Mons-en-Baroeul, près de Lille, jeudi. Les critiques continuent à pleuvoir en France et à l'étranger contre la politique de la France à l'égard des Roms mais Paris persiste dans sa volonté de démanteler leurs camp

Démantèlement d'un camp illégal de Roms à Mons-en-Baroeul, près de Lille, jeudi. Les critiques continuent à pleuvoir en France et à l'étranger contre la politique de la France à l'égard des Roms mais Paris persiste dans sa volonté de démanteler leurs camp - -

PARIS (Reuters) - Les critiques continuent à pleuvoir en France et à l'étranger contre la politique de la France à l'égard des Roms, mais Paris...

PARIS (Reuters) - Les critiques continuent à pleuvoir en France et à l'étranger contre la politique de la France à l'égard des Roms, mais Paris persiste dans sa volonté de démanteler leurs camps et de les renvoyer dans leurs pays.

Sur fond de sondages contradictoires - moins d'un Français sur deux approuve les mesures gouvernementales, selon CSA, mais deux sur trois y sont favorables pour l'institut OpinionWay - les défenseurs des droits de l'homme, les Nations unies et les responsables religieux ne désarment pas.

Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (Cerd) de l'Onu, qui avait déjà épinglé Paris le 10 août lors d'une réunion à Genève, a critiqué à nouveau la France vendredi pour sa politique à l'égard des Roms.

Dans un rapport, le Comité, constitué de 18 experts internationaux indépendants, invite les autorités françaises à intégrer les Roms plutôt qu'à les renvoyer en Roumanie.

Le Cerd note que "des informations font état de ce que les Roms ont été renvoyés de manière collective dans leur pays d'origine, sans que n'ait été obtenu le consentement libre, entier et éclairé de tous les individus concernés".

Il invite Paris "à garantir l'accès des Roms à l'éducation, à la santé, au logement et autres infrastructures temporaires" et à faire preuve de "compréhension" et de "tolérance".

Jacques Pellet, adjoint de l'ambassadeur de France auprès de l'Onu, avait déjà répondu le 10 août que "pour lutter contre les discriminations dont ils font l'objet, il est indispensable de traiter aussi les causes de ce problème, à savoir le défaut d'intégration de ces populations dans leur pays d'origine".

RELIGIEUX UNIS DANS LA PROTESTATION

Depuis, Paris reste sur une ligne consistant à pousser Bucarest à mieux intégrer ces populations et a même joué l'entente cordiale lors de la visite mercredi et jeudi de deux ministres roumains à Paris.

Vendredi, François Zimeray, l'ambassadeur français chargé des droits de l'Homme, s'est néanmoins insurgé contre les conclusions rapport du Cerd, un document publié tous les cinq ans dans lequel des éléments ont été selon lui rajoutés.

"Je voudrais dire de façon extrêmement simple et forte et solennelle que, si nous acceptons la critique, nous refusons totalement ce qui relève de la caricature", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Quai d'Orsay.

Après le pape et plusieurs évêques, des pasteurs protestants et le grand rabbin de France ont pris leurs distances avec les actions menées contre les Roms.

L'archevêque de Paris, André Vingt-Trois, a regretté qu'un "climat malsain" se soit installé en France, dénonçant "une sorte de concours de celui qui paraîtra le plus sécuritaire".

Vendredi, cinq organisations chrétiennes ont appelé les députés à rejeter lors de son examen fin septembre à l'Assemblée les dispositions du projet de loi sur l'immigration fragilisant à leurs yeux le droit des étrangers et des Roms.

"Nous appelons les élus de tout bord, inquiets des dérives actuelles, à refuser les dispositions de ce projet de loi, contraires à nos valeurs", écrivent-elles.

La Commission européenne avait exprimé mercredi son "inquiétude" et dit surveiller si les mesures prises par la France respectent le droit communautaire.

964 ROMS RENVOYÉS CHEZ EUX

Dans un communiqué, Amnesty International a appelé la France à "mettre un terme à la stigmatisation des Roms".

Dans la presse internationale, les critiques restent vives. Dans son édition du 26 août, le magazine The Economist estime que Nicolas Sarkozy "s'attaque à des cibles faciles".

A l'issue d'une réunion à l'Elysée fin juillet, les ministres français de l'Intérieur et de l'Immigration se sont fixé pour objectif de démanteler 300 des 600 camps de Roms installés en France dans les trois mois.

Depuis cette date, 964 Roms ont été renvoyés chez eux, ce qui porte à 8.313 le nombre de Roumains et Bulgares issus de cette communauté reconduits depuis le début de l'année, indique le ministère de l'Immigration.

Paris affirme "respecter scrupuleusement" les lois européennes en la matière et procéder à des retours volontaires, pour éviter l'image laissée par les vols spéciaux inaugurés en 1986 par l'ex-ministre de l'Intérieur Charles Pasqua.

Mais le ministère de l'Immigration dit avoir recours à des vols "spécialement affrétés", peu différents des "charters", et reconnaît une certaine proportion de retours forcés.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse