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Police-Justice

Paris: un local du restaurant Le Petit Cambodge occupé illégalement

Les propriétaires du Petit Cambodge ont deux restaurants dans le 10e arrondissement.

Les propriétaires du Petit Cambodge ont deux restaurants dans le 10e arrondissement. - Thomas Oliva-AFP

Les locataires du local, gérants du Petit Cambodge, ont saisi la justice pour faire déloger des militants qui dénoncent l'embourgeoisement du 10e arrondissement parisien. Une audience doit se tenir ce 29 décembre.

Ils évoquent "une nouvelle épreuve". Les propriétaires du restaurant parisien Le Petit Cambodge, tristement célèbre pour avoir été la cible des commandos des attentats du 13-Novembre, ont saisi la justice pour faire déloger un groupe de militants qui occupent leurs locaux rue Claude Vellefaux dans le nord-est parisien. Une audience est prévue ce mardi 29 décembre.

Depuis le 14 novembre, ce groupe de militants, qui se présentent dans un communiqué comme "les révoltés de la place Sainte-Marthe", un rassemblement d'habitants de ce quartier du 10e arrondissement, "avec ou sans papiers, avec un domicile fixe ou sans, étudiants, travailleurs précaires, chômeurs"...., occupent illégalement le local loué aux propriétaires du Petit Cambodge depuis 2015. Ils sont dépeints comme proches de la mouvance anarchiste.

Dénoncer la gentrification du quartier

Ces militants veulent, par cette occupation, dénoncer la gentrification de ce quartier et la spéculation immobilière. "Les habitant.es du quartier de la place Sainte Marthe n’ont pas besoin d’un énième restaurant, d’un énième lieu marchand hors de ses moyens tenu par des propriétaires venant des quartiers les plus aisés. Ils ont besoin de vie, de rencontres, de liens, d’associations, d’espaces culturels et créatifs", écrivent-ils encore dans leur communiqué, se félicitant d'avoir créé un espace solidaire et d'accueil.

Locataires depuis 2015, les propriétaires du Petit Cambodge, qui possèdent deux autres restaurants dans ce même quartier, avaient pour projet d'ouvrir ce troisième commerce au mois de janvier, après de nombreux travaux. Un projet "novateur", qui a nécessité un million d'euros d'investissement, et a été retardé avec le confinement du printemps et l'interdiction faite aux bars et restaurants d'ouvrir depuis plusieurs semaines dans le cadre des nouvelles restrictions.

"Malgré les contraintes de 2020, les travaux sont quasiment terminés, indique dans un communiqué Simon Octobre, l'un des associés du Petit Cambodge. Le restaurant devait être prêt à ouvrir dès autorisation."

Entrés "par effraction"

"Informés trop tard" pour agir dans les 48 heures, les propriétaires indique avoir déposé plainte pour "violation de domicile" le 17 novembre. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour "dégradation ou détérioration du bien d'autrui causant un dommage léger". Les investigations ont été confiées au commissariat du 10e arrondissement. Il ont également assigné en justice le 7 décembre les occupants du local situé à l'intersection de la rue Claude Vellefaux et de la rue Jean et Marie Moinon, pour qu'ils soient évacués.

Ils assurent que ces derniers sont entrés "par effraction" et ont "changé les serrures" alors que des travaux étaient toujours en cours dans le local. Ils déplorent que ces occupants "badigeonnent la devanture et les murs, organisent des apéros et des projections, des activités accueillant du public, sans respect des règles sanitaires anti covid élémentaires".

Par constat d'huissier, il est établi que les occupants n'ont pas transformé le local en local d'habitation, et par conséquent, que le tribunal peut prononcer lors d'une audience en référé, c'est-à-dire en urgence, leur évacuation. Une situation qui doit être tranchée dans l'urgence selon les gérants du Petit Cambodge qui mettent en avant l'enjeu financier pour eux et la nécessité d'ouvrir, dès que la situation sanitaire le permettra, ce nouveau restaurant. Ils précisent que le recrutement de certains employés a déjà été réalisé, et qu'à terme, ils prévoient d'employer 20 salariés.

Une première audience, très mouvementée, a eu lieu le 18 décembre devant le juge des référés du tribunal judiciaire de Paris pour réclamer l'expulsion des militants. Une trentaine de leurs soutiens étaient venus, perturbant les débats. Ce dernier avait d'ailleurs demandé le report des débats. Un nouvel appel au rassemblement a été lancé pour l'audience de mardi.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV