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Police-Justice

Paris: faut-il en finir avec les vieilles voitures ?

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Bertrand Delanoë veut qu’on puisse respirer à Paris, et il propose pour cela un vaste plan automobile qui prévoit entre autres l’interdiction des voitures de plus de 17 ans. Opposants et partisans s’affrontent.

Les vieilles voitures seront-elles bientôt bannies de la capitale ? C’est l’une des mesures du vaste plan automobile et anti pollution que va proposer Bertrand Delanoë au conseil municipal de Paris le 12 novembre prochain. Les véhicules particuliers et utilitaires de plus de 17 ans ne pourront plus circuler dans la capitale à partir de 2014, avec une limite d’âge de 18 ans pour les poids lourds et 10 ans pour les deux-roues. La restriction s'appliquerait du centre jusqu'à l'A86 incluse.
Autre proposition: instaurer un péage sur les autoroutes métropolitaines pour réduire le trafic routier et supprimer toute circulation de poids lourds dans Paris et sur le périphérique, ainsi que la limitation de la vitesse à 30km/h dans certaines zones.

« Les problèmes sont dus aux véhicules diesel »

Pour Jean Luc Moreau, notre consultant RMC pour l'actualité de l'automobile, « un véhicule âgé de plus de 17 ans, en terme de pollution, c’est 40 fois une voiture moderne. Donc supprimer une vieille voiture, c’est un gain qui n’est pas négligeable ». Mais il souhaite toutefois relativiser les choses : « Maintenant, est-ce qu’il y a beaucoup de véhicules de plus 17 ans qui circulent dans l’agglomération parisienne, ce n’est pas si sûr. Aujourd’hui, les problèmes ne sont pas dus aux véhicules anciens, mais aux véhicules modernes et diesel. Donc supprimer les véhicules essence qui ont plus de 17 ans ne va pas régler le problème des particules liées au diesel ».

« Offrir deux années de transport collectif »

Denis Baupin, l’adjoint à la mairie de Paris chargé du développement durable, estime en revanche que la mesure doit être prise « dès maintenant car on a déjà énormément de retard ». Pas question, en revanche, d’appliquer la mesure sèchement sans prendre en compte les difficultés des ménages les moins aisés. Il souhaite donc proposer des alternatives. « Les véhicules les plus anciens sont les plus polluants par kilomètre effectué, donc il faut mettre en œuvre des mesures d’accompagnement pour ceux qui ont un véhicule très polluant, par exemple en leur offrant deux années de gratuité de transports collectifs, ou en autorisant l’utilisation de véhicules polluants à condition d’être trois à l’intérieur, c’est-à-dire pour que ce qui est nécessaire d’un point de vue sanitaire soit aussi possible d’un point de vue social et de la mobilité ».

« Une discrimination pour les ménages modestes, les jeunes… »

En revanche, le directeur général adjoint de l'Automobile Club Christian Scholly estime qu’il va y avoir « une discrimination à l’égard des personnes qui ne peuvent pas forcément acheter un véhicule récent, les ménages modestes, les jeunes, qui ont un besoin impérieux de leur véhicule et n’ont pas forcément les moyens de le changer en ce moment ». Sans oublier les professionnels : « Il y a des artisans qui n’ont pas forcément les capacités, dans une période particulièrement difficile de se voir imposer un changement d’un ou plusieurs véhicules. Une telle disposition comporte des excès anti sociaux évidents ». Reste maintenant à savoir si la mesure sera appliquée. L'arsenal anti-pollution auquel songe le maire de la capitale nécessite entre autres l'agrément de l'Etat ou de la préfecture de police, et le Conseil de Paris ne pourra pas décider seul.

M. Chaillot avec Amandine Dubiez