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Police-Justice

Paris: ce que l'on sait de la femme menaçante maîtrisée par la police dans une gare du RER C

Blessée par les tirs des forces de l'ordre, cette femme menaçante a été transportée à l'hôpital. Son pronostic vital est engagé.

Alertée par plusieurs usagers du RER C, la police est intervenue en gare Bibliothèque François-Mitterrand, ce mardi 31 octobre en début de matinée, et a ouvert le feu sur une femme qui proférait des menaces et faisait l'apologie du terrorisme, selon les informations de BFMTV.

Gravement blessée au ventre, elle a été transportée à l'hôpital. Son pronostic vital est engagé. Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Paris.

• Des signalements émis par deux voyageurs

Ce mardi matin, vers 7h20, deux passagers d'une rame du RER C sont "alertés par le comportement étrange et suspect" d'une femme. Cette dernière profère des menaces de mort et faisant l'apologie du terrorisme.

Le premier signalement émane une voyageuse, descendue en gare de Choisy-le-Roi, qui s'est adressé à un agent de la SNCF. Le second provient d'un appel passé par un autre passager sur le numéro d'urgence de la SNCF.

"Les deux passagers ont signalé exactement les mêmes faits", a expliqué Laurent Nuñez, préfet de police de Paris lors d'un point presse en début d'après-midi.

Ils ont décrit "une dame qui portait un voile intégral, qui tenait un certain nombre de propos menaçants, parlant de commission d'attentat, utilisant des mots comme 'Vous allez tous y passer', 'Allahu akbar', 'Boom'", a détaillé Laurent Nuñez.

• Des tirs de police après plusieurs sommations

Vers 7h50, les forces de l'ordre se déplacent sur les lieux et repèrent cette femme quelques minutes plus tard, grâce à l'exploitation des images de surveillance. Elle est repérée dans la station Bibliothèque François Mitterrand.

La femme était alors assise à côté de deux gros sacs, et de la fumée se dégageait à proximité. Ce sont des fonctionnaires de la sûreté ferroviaire qui arrivent en premier sur les lieux, vite relayés par des policiers locaux, a poursuivi le préfet.

"Ils lui ont demandé de s'asseoir au sol et ils ont instauré un périmètre de sécurité", a-t-il ajouté.

Une fois la gare évacuée et les accès au RER et au métro fermés, les forces de l'ordre font appel au service de déminage du laboratoire central de la préfecture de police de Paris, qui arrive sur les lieux, accompagné d'une brigade cynophile, vers 8h50.

"À un moment, elle s'est levée et elle s'est dirigée vers les fonctionnaires de police", a poursuivi Laurent Nuñez.

Selon les informations de BFMTV, devant les policiers, cette femme, dont le "corps était totalement dissimulé", tient des propos agressifs à connotation jihadiste, menaçant de se faire exploser. Les policiers lui adressent alors "un certain nombre de sommations", la première de "ne pas bouger" et la seconde de "faire apparaître ses mains", pour s'assurer qu'elle n'est pas armée ou détentrice d'explosif.

Mais la femme refuse d'obtempérer. C'est à ce moment-là, estimant que la situation était dangereuse, que les policiers procèdent "à des tirs d'armes à feu", a complété le préfet de police de Paris. Selon les informations de BFMTV, ce sont deux agents de la BAC 15 qui ont ouvert le feu. Selon le parquet de Paris, ils ont tiré à huit reprises. Aucun explosif, ni arme, n'ont été découverts sur place, a précisé Laurent Nuñez.

Lorsque les vérifications ont pu être effectuées, il s’est avéré que les sacs n’appartenaient pas à la personne en question, et que la fumée provenait d’une bouilloire qui n’était initialement pas visible par les policiers.

• Le pronostic vital de la femme engagé

Blessée par un projectile à l'abdomen, elle a été immédiatement prise en charge par les secours sur place, avant d'être évacuée dans la foulée vers un hôpital francilien pour être opérée en urgence, selon nos informations. Son pronostic vital était toujours engagé ce mardi midi, a fait savoir Laurent Nuñez, confirmant des informations de la procureure de la République de Paris.

• Son identité confirmée

Si au départ, son identité n'était "pas encore certaine", selon Laurent Nuñez, la femme est désormais clairement identifiée, précise le parquet de Paris. Il s'agit d'une femme de nationalité française, âgée de 38 ans, née en décembre 1984 dans le Val-de-Marne et domiciliée dans ce département. Elle n'est pas fichée S, mais est déjà "connue des services de police", a expliqué le préfet.

En juillet 2021, elle avait été interpellée après avoir "déambulé avec un tournevis", en tenant "des propos à caractère religieux", et proféré des menaces à l'encontre de militaires de l'opération Sentinelle. Placée brièvement en garde à vue dans un premier temps, elle avait finalement été internée en raison de troubles psychiatriques, a-t-il ajouté. "Son état psychique doit être vérifié", a indiqué ce mardi Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.

Une perquisition menée à son domicile "n'a pas révélé d’éléments laissant craindre de radicalisation de sa part", explique le parquet de Paris.

• Deux enquêtes distinctes ouvertes

Deux enquêtes distinctes ont été diligentées par le parquet de Paris. La première, ouverte pour apologie du terrorisme, menaces de mort et acte d’intimidation sur un dépositaire de l’autorité publique pour l’empêcher de conduire sa mission, a été confiée à la police judiciaire de Paris. Cette enquête vise donc les faits susceptibles d'être reprochés à cette femme.

Une seconde enquête pour "violences volontaires", visant à déterminer si les règles de l'usage des armes par les deux policiers qui ont ouvert le feu ont bien été respectées, a été ouverte. Les investigations sont confiées à l'IGPN.

"Mes clients se sont expliqués ce soir dans le cadre d'une audition libre à l'IGPN. C'est la procédure normale. Ils sont naturellement choqués par la scène subie aux cours de laquelle ils ont été contraints d'ouvrir le feu, en ultime recours", a rapporté à BFMTV l’avocat des deux policiers se disant "serein pour la suite judiciaire".

Contacté par BFMTV, le parquet national antiterroriste (PNAT) indique qu'il est "en observation" de ce dossier. Pour l'instant, il a décidé de ne pas se saisir et de laisser la main au parquet de Paris.

Manon Aublanc et Pauline Revenaz