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Police-Justice

Ouverture du procès du gendarme qui avait tué un gitan

La cour d'assises du Var juge à partir de ce lundi un gendarme qui a tué en 2008 un gitan menotté et entravé aux chevilles qui tentait de s'évader. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

La cour d'assises du Var juge à partir de ce lundi un gendarme qui a tué en 2008 un gitan menotté et entravé aux chevilles qui tentait de s'évader. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé - -

DRAGUIGNAN (Reuters) - La cour d'assises du Var juge à partir de ce lundi un gendarme qui a tué en 2008 un gitan menotté et entravé aux chevilles...

DRAGUIGNAN (Reuters) - La cour d'assises du Var juge à partir de ce lundi un gendarme qui a tué en 2008 un gitan menotté et entravé aux chevilles qui tentait de s'évader.

L'adjudant Christophe Monchal, 43 ans, est poursuivi pour "violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner" avec la circonstance aggravante qu'il était dépositaire de l'autorité publique alors qu'il avait d'abord bénéficié d'un non-lieu, provoquant l'émoi de la famille de la victime.

Le procès se déroule dans un climat de tension entre le gouvernement et la communauté des gens du voyage, qui s'estime stigmatisée par la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy.

Ce dernier a ordonné le 30 juillet le démantèlement de tous les camps illégaux de cette communauté.

Le militaire est poursuivi pour avoir tué Joseph Guerdner, un gitan de 27 ans, lors de sa garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Draguignan (Var) pour une affaire de vol.

Menotté et une cheville entravée, Joseph Guerdner a profité d'une pause cigarette pour tenter de fausser compagnie au gendarme chargé de le surveiller en sautant d'une fenêtre située au premier étage de la gendarmerie.

Le gendarme à tiré sur lui à sept reprises pour tenter de l'arrêter et trois coups de feu ont été mortels.

Une information judiciaire avait été ouverte pour "meurtre" mais, un an plus tard, les juges avaient estimé que le gendarme n'avait eu aucune intention de tuer et qu'il n'avait fait qu'appliquer le règlement l'autorisant à tirer en cas d'évasion.

LE GENDARME "NE REGRETTE RIEN"

La famille de Joseph Guerdner a fait appel de cette ordonnance de non-lieu et l'affaire a finalement été requalifiée et renvoyée devant la cour d'assises du Var.

Me Jean-Claude Guidecelli, l'avocat de la famille Guerdner, s'est montré pessimiste au début du procès.

"On a assisté ce matin à une véritable apologie en faveur d'un gendarme bardé de décorations et d'appréciations toutes plus laudatives les unes que les autres", a-t-il dit.

"Je vois mal comment la justice va pouvoir condamner l'un de ses collaborateurs, je suis pas confiant quant à l'épilogue de ce dossier qui me semble cousu de fil blanc."

Pour l'avocat, il ne fait aucun doute que "le passage à l'acte du gendarme a été complètement disproportionné par rapport à ce qui était reproché à Joseph Guerdner".

Christophe Monchal, qui encourt 20 ans de réclusion, a reconnu les faits devant la cour en début d'audience.

"Oui, je suis l'auteur des coups de feu mortels, c'est d'autant plus dramatique pour moi qu'en 13 ans de gendarmerie je n'avais jamais fait usage de mon arme", a-t-il dit. "Mais je ne peux pas demander pardon, je ne regrette rien, j'ai fait mon travail, Guerdner voulait s'évader, c'est pour cela que j'ai tiré".

Le procès devrait durer jusqu'à la fin de la semaine.

Pierre Thébault, édité par Yves Clarisse