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Police-Justice

"On se met en danger": un policier en burn-out rappelle que les agents de police agissent "sur ordre"

Un policier ayant travaillé pendant 15 ans à la BAC affirme que sa profession est l'une de celles avec "le plus grand taux de divorce", de suicides et de blessés. Il dit donc ressentir "une forme d'injustice" après le placement en détention provisoire d'un policier.

Ils ne décolèrent pas. Après le placement en détention provisoire d'un policier accusé de violences en marge des émeutes qui ont éclaté après la mort de Nahel, les policiers continuent de dénoncer cette décision et les syndicats de revendiquer un statut particulier pour les agents de cette profession.

Sur BFMTV, un policier en burn-out témoigne de "l'injustice" ressentie par ses collègues et rappelle qu'ils se "mettent en danger pour la société".

"On ressent une forme d'injustice. On met notre corps, on met notre santé, notre vie de famille en danger" martèle Thomas, qui a travaillé pendant 15 ans dans une brigade anti-criminalité dans le sud de la France.

"On est une des professions avec le plus grand taux de divorce, une population avec le plus grand taux de suicides, avec le plus grand taux de blessés. On met notre personne en danger pour la société", poursuit-il.

Des fonctionnaires de police qui agissent "sur ordre"

L'homme indique avoir lui-même été blessé à de nombreuses reprises dans le cadre de ses fonctions, citant une jambe cassée, une collision de scooters au niveau de son bassin ou encore une blessure grave qui lui a valu une opération lors d'un refus d'obtempérer avec "le même véhicule que dans l'histoire de Nahel".

"Au bout d'un moment, on se demande pourquoi faire ça? Faut pas croire que les flics aiment vivre dans la violence et dans l'agressivité permanente. C'est loin d'être le cas", assure-t-il.

Thomas explique vivre "très mal" le fait qu'un policier soit actuellement en détention provisoire. "Il était dans le cadre de son travail", rappelle-t-il, assurant ne pas juger "s'il a pu faire une erreur ou pas".

"Mon propos c'est de dire qu'un fonctionnaire de police en intervention est un représentant de l'État. On ne peut pas mettre un individu en détention, pour des faits pour lesquels il a agi en tant que fonctionnaire, sur ordre. Parce qu'il faut savoir qu'un fonctionnaire de police, dès l'instant qu'il commence son travail jusqu'au moment où il termine, il est sur ordre", poursuit l'agent.

"Qui va dire que le briefing du patron a dit ça?"

Il explique qu'avant chaque intervention, il y a un "briefing", pour encadrer les actions qui suivent. Et que celui-ci n'est pas toujours connu de la justice si des agents sont ensuite mis en cause pour des faits qu'ils ont commis dans le cadre de leurs fonctions. Thomas se souvient notamment d'ordres comme celui-ci:

"Vous rentrez dans la cité, tout ce qui passe, tout ce qui court, vous attrapez, vous mettez par terre. On triera après".

"Si vous être filmés en train de mettre par terre n'importe qui, on va vous dire 'mais il fait quoi lui? Il s'est pris pour qui? Il joue au cowboy?' Non il ne joue pas au cowboy. Il y a eu un briefing avant, sauf que ça si vous êtes filmés, si ça sort au tribunal, qui va dire que le briefing du patron a dit ça?", avance le policier.

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Il estime aussi que "la violence est légitime pour les fonctionnaires de police agissant au nom de l'État", et que s'ils "reculent" alors "l'autorité n'est pas dans votre camp, elle est dans le camp du délinquant, du dealer, ou de la personne qui refuse d'être contrôlée car elle a la police en horreur. C'est pas comme ça que ça marche".

Le ministre de l'Intérieur s'est montré prêt à la réflexion pour "regarder la faisabilité" des revendications des syndicats de police, après une rencontre place Beauvau jeudi soir. Un nouveau rendez-vous est prévu à la mi-septembre.

Emilie Roussey