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Police-Justice

"On ne peut pas exclure sa perversion": à son procès, la personnalité de Monique Olivier en question

Plusieurs experts psychologues ont pris la parole ce mardi 12 décembre lors du procès de Monique Olivier, décrite par certains comme "dépendante, assez passive, soumise" et considérée comme manipulatrice pour d'autres.

"Egocentrique", "anxieuse", dépourvue d'empathie... Les experts psychologues se sont succédé à la barre ce mardi pour tenter de livrer des éclairages sur la personnalité "complexe" de Monique Olivier, jugée à Nanterre pour complicité dans les enlèvements et meurtres de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.

"Il m'a utilisée", avait affirmé l'accusée de 75 ans, au premier jour de son procès, le 28 novembre, devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, en évoquant sa relation avec son ex-mari, le violeur et tueur en série Michel Fourniret.

À la barre, un premier psychologue belge, Gauthier Pirson qui l'a expertisée en 2004, la décrit comme "dépendante, assez passive, soumise", ayant "peu d'empathie", sauf envers elle-même.

Selon Gauthier Pirson, si elle a participé aux crimes commis par Michel Fourniret, c'est à cause d'une "indifférence émotionnelle" et du "rapport de soumission développé à l'égard" de son mari qui "l'a inscrite dans une espèce de docilité". Elle est "plutôt manipulable" indique-t-il, avant d'ajouter cependant qu'"être une personnalité dépendante ne veut pas dire ne pas avoir une tendance à la manipulation à son profit".

"On est dans l'horreur absolue, et ça dure 16 ans"

Pour un des experts français qui l'a analysée en 2005, Philippe Herbelot, Monique Olivier est "très égocentrique": "sa vie, son parcours, c'est la primauté du souci du soi et pas les autres".

Lui ne la décrit pas comme soumise à son mari, mais parle d'un "lien de dépendance entre les deux": Michel Fourniret avait besoin d'elle, et elle "découvrait qu'elle avait une place importante dans un mécanisme criminel".

"Il n'y a pas de sentiment de culpabilité" chez elle quand il l'expertise en 2005, ajoute-t-il: "jamais elle ne parle des victimes, jamais elle ne parle de la souffrance de ces petites filles".

"On ne peut pas exclure sa perversion", a-t-il ajouté. "On est dans l'horreur absolue, et ça dure 16 ans", rappelle Didier Seban, qui défend des parties civiles.

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Car Monique Olivier n'a jamais quitté Michel Fourniret, malgré les crimes. Selon plusieurs experts, c'est à cause de sa peur "de la solitude", peur "qui lui est insupportable", et de sa "peur de l'abandon", liée à son enfance solitaire avec un père absent et une mère peu aimante, selon ce qu'elle a raconté aux experts.

Mais elle avait quitté son premier mari qu'elle accusait de violences, a rappelé l'avocat général, Hugues Julié. "Je pense qu'au-delà d'une certaine limite" qui sont "les violences physiques" chez l'accusée, "la peur pour son intégrité physique" va "prendre le dessus" sur sa peur de l'abandon, a expliqué Gauthier Pirson.

"Le QI n'a jamais été et ne sera jamais un indicateur de personnalité"

Autre sujet de dissensions entre les experts: le quotient intellectuel (QI) de l'accusée. En 2004, une première expertise réalisée par des psychologues belges lui trouve un QI de 95. En 2005, les experts français Jean-Luc Ployé et Philippe Herbelot obtiennent un résultat de... 131.

Avant que la dernière évaluation de 2023, réalisée par un nouveau collège d'experts saisi par la juge d'instruction Sabine Kheris, ne lui trouve un QI de 92. Ces experts, Mickael Morlet-Rivelli, Olivier Dodier et Julie Gondrexon, ont d'ailleurs vivement critiqué le test réalisé par Jean-Luc Ployé et Philippe Herbelot, affirmant qu'ils avaient utilisé une "version obsolète" du test de QI.

Monique Olivier a une intelligence dans la moyenne, selon ces psychologues. Et de rappeler: "le QI n'a jamais été et ne sera jamais un indicateur de personnalité: ce n'est pas la même chose".

Ces trois experts ont d'ailleurs conclu, après avoir effectué plusieurs tests, que Monique Olivier était "égocentrique", avec une "personnalité qui se plaint tout le temps" et se dévalorise. Elle apparaît aussi "introvertie et anxieuse", avec une "incapacité chronique à apprendre de ses expériences", selon leurs résultats.

A.G avec AFP