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Police-Justice

Occupation de la mosquée de Poitiers: 5 identitaires jugés ce vendredi

73 membres de Génération Identitaire étaient grimpés sur le toit de la Grande Mosquée de Poitiers en chantier le 20 octobre 2012.

73 membres de Génération Identitaire étaient grimpés sur le toit de la Grande Mosquée de Poitiers en chantier le 20 octobre 2012. - AFP

Cinq personnes du mouvement Génération identitaire sont jugées vendredi pour "provocation à la haine et à la violence" et "dégradations en réunion". En 2012, elles avaient envahi le chantier de la future Grande mosquée de Poitiers et déployé des banderoles sur le bâtiment.

Cinq ans jour pour jour après les faits, l'affaire de l'occupation du chantier de la Grande mosquée de Poitiers revient devant la justice. Cinq personnes comparaissent ce vendredi à partir de 9 heures devant le tribunal correctionnel de Poitiers pour "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". Quatre d'entre elles sont également poursuivies pour "dégradations commises en réunion". Le mouvement Groupe identitaire est également jugé en tant que personne morale.

Le 20 octobre 2012, 73 membres du groupuscule Génération identitaire avaient investi, avant 6 heures du matin, le bâtiment gris en chantier de la future Grande mosquée de Poitiers. Installés sur le toit, ils avaient déployés trois banderoles où figuraient, notamment le nom de leur mouvement, "732" comme la date de la bataille de Poitiers, ou "Souviens-toi, Charles Martel".

Les manifestants avaient scandé, pendant plusieurs heures, des slogans comme "Charles Martel", "L'identité, on s'est battu pour la reprendre, on se battra pour la défendre". L'événement avait été parfaitement préparé avec des personnes venant des quatre coins de la France, qui entendaient réclamer un référendum sur la construction des mosquées en France et sur l'immigration.

Procès sous tension

Au terme du rassemblement, quatre personnes avaient été placées en garde à vue et mises en examen mais ce sera bien cinq personnes qui vont comparaître ce vendredi. "Dans l'absolu, c'est toutes les personnes qui devraient être poursuivies", reconnaît Me Gérald Froidefond, "l'avocat de l'association des Musulmans de France (anciennement UOIF), qui s'est portée partie civile. Mais les enquêteurs ont su cibler les personnes qui ont conduit le mouvement. Il y a eu une omerta lors des gardes à vue, les prévenus devront assumer collectivement ce qu'ils n'ont pas voulu dire." Pour le conseil, ce procès va être pour ses clients "la possibilité de se voir reconnaître comme des victimes".

Du côté de la défense, ce procès va être l'occasion de prouver que ce que dénonçait Génération identitaire, groupuscule d'extrême droite, il y a cinq ans est toujours d'actualité. "Nous dénoncions à l'époque la politique d'islamisation et d'immigration du gouvernement socialiste et les faits nous ont donné raison", assure Johann Teissier, l'un des porte-parole du mouvement, citant "les attentats islamistes à répétition". Parlant de leur "action pacifiste" menée en 2012, les prévenus assurent n'avoir commis aucune dégradation mais seulement "déplacé des tapis de prière". "Il n'y avait tellement rien contre nous qu'ils ont cherché n'importe quoi", se défend Damien Rieu, l'un des prévenus.

Pour eux, une sanction de la justice équivaudrait alors à "donner raison aux islamistes", estime Johann Teissier qui rappelle les controverses autour de l'association des Musulmans de France. L'association, qui revendique 1.600 membres adhérents, est souvent décriée pour être la vitrine légale des Frères Musulmans, mouvement qui promeut l'Islam politique. Ce dont se défend fermement l'association des Musulmans de France. Même si ce procès se déroulera certainement sous haute tension, dans l'entourage de la mairie de Poitiers, on précise qu'aucun dispositif de sécurité particulier ne sera mis en place lors de l'audience.

Justine Chevalier