Nouvelle plainte dans l'affaire Wildenstein

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - La veuve du marchand de tableaux Daniel Wildenstein a porté plainte contre X lundi dans une affaire qui embarrasse la majorité présidentielle.

Cette plainte pour "corruption active et passive", notamment, "vise clairement les relations du beau-fils de ma cliente, Guy Wildenstein, avec l'UMP", le parti majoritaire, a déclaré à Reuters son avocate, Claude Dumont Beghi.

Guy Wildenstein est membre du premier cercle des donateurs de l'UMP et proche de Nicolas Sarkozy.

Selon le site d'information Médiapart, qui a révélé l'information, sont également visés deux ministres successifs du Budget, Eric Woerth et François Baroin.

L'avocate de Sylvia Wildenstein leur reproche de n'avoir mené aucune enquête sur les soupçons de fraude fiscale massive entourant la succession du marchand de tableaux.

"J'ai alerté l'administration fiscale depuis 2009", a dit Me Dumont Beghi. "Cette affaire est plus grave encore que l'affaire Bettencourt. Et c'est la première fois qu'il y a une plainte pour trafic d'influence."

Contrairement aux soupçons de trafic d'influence qui pèsent sur Eric Woerth pour ses liens avec l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, où aucun juge d'instruction n'a pour l'instant été saisi, des juges d'instruction sont déjà en charge du dossier Wildenstein depuis 2009.

Compte tenu de son ampleur, "je vais demander la jonction de toutes les plaintes et je pense qu'il y aura un pôle de juges sur cette affaire", a dit Me Dumont Beghi.

Des élus de l'opposition ont fait un parallèle entre l'affaire Woerth-Bettencourt et le dossier Wildenstein, où l'on retrouve selon eux quasiment les mêmes protagonistes.

TROIS PLAINTES AU PÉNAL

Le Canard enchaîné publie ainsi dans son édition datée de mercredi une photo montrant, selon le journal, Nicolas Sarkozy remettant la cravate de commandeur de la Légion d'honneur, le 5 mars 2009, à Guy Wildenstein.

Eric Woerth est soupçonné de conflit d'intérêt pour avoir notamment remis la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt.

Guy Wildenstein se serait dépensé sans compter pour rallier au futur chef de l'Etat les Français de l'étranger avant le scrutin de 2007, selon Médiapart.

Depuis la mort, le 23 octobre 2001, du célèbre collectionneur et marchand de tableaux Daniel Wildenstein, ses héritiers se disputent sa succession devant les tribunaux.

Sa veuve, Sylvia Wildenstein, reproche aux deux fils que son mari a eu d'un premier mariage, Guy et Alec (et depuis le décès de ce dernier, à ses ayants droit), de l'avoir spoliée en cachant une grande partie de l'héritage dans des "trusts" implantés dans des paradis fiscaux.

Pour son avocate, les liens entre Guy Wildenstein et l'UMP expliqueraient la passivité de l'administration fiscale.

Sylvia Wildenstein avait longtemps demandé sa part d'une fortune colossale qui dépasse sans doute les 4 milliards d'euros sur le seul plan civil, selon les estimations de son avocate.

Une première plainte au pénal visant l'un des trusts mis en cause avait été déposée en 2009.

Celle-ci ne semblant guère suivie d'effets, Me Claude Dumont Beghi est passée à la vitesse supérieure avec une seconde plainte le 8 septembre pour "abus de confiance et recel, blanchiment et recel", notamment. Et une troisième lundi pour "trafic d'influence, corruption active et passive, et recel de blanchiment d'argent".

Edité par Patrick Vignal