BFMTV
Police-Justice

Nouvel épisode inédit dans le feuilleton Bettencourt

La probable mise en examen du procureur Philippe Courroye est le dernier épisode de l'affaire Bettencourt...

La probable mise en examen du procureur Philippe Courroye est le dernier épisode de l'affaire Bettencourt... - -

Feuilleton familial, judiciaire et politique, les enquêtes sur l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt ont connu un nouveau coup de tonnerre avec la mise en cause d'un des plus hauts magistrats du pays, fait inédit en France.

La probable mise en examen du procureur Philippe Courroye est le dernier épisode de l'affaire, lancée en 2009 sur les dons d'un milliard d'euros de Liliane Bettencourt au photographe François-Marie Banier et poursuivie en 2010 par les enregistrements clandestins de la milliardaire par son majordome, à l'origine d'autres développements.

L'affaire se poursuit sur plusieurs fronts judiciaires et pourrait perturber la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Les investigations sur l'héritière du numéro un mondial des cosmétiques, symbole de la réussite entrepreneuriale française, illustrent en effet les liens entre L'Oréal avec les milieux politiques, notamment à droite, mais pas uniquement.

L'ancienne comptable de celle qui reste l'actionnaire majoritaire de L'Oréal a répété devant les juges d'instruction et au journal Libération de ce mercredi ses accusations évoquant des remises d'argent en espèces à des personnalités.

Dans cet entretien, Claire Thibout parle de "visites fréquentes" de personnalités politiques de droite dans l'hôtel particulier des Bettencourt à Neuilly et cite notamment Nicolas Sarkozy, son ancienne épouse Cécilia et Eric Woerth.

"Je ne dis pas que tous venaient pour ça (des remises d'enveloppes en liquide-NDLR), mais il est clair que certains venaient aussi pour ça", dit-elle.

Elle avait déjà déclaré dans de multiples auditions devant la police et la justice en 2010 qu'elle retirait plusieurs centaines de milliers d'euros en espèces par mois à la demande de la milliardaire et de son mari, décédé en 2007, et confectionnait ensuite les enveloppes.

WOERTH EN CAUSE ?

Elle répète n'avoir jamais vu les remises d'argent mais se montre plus précise sur une somme de 50.000 euros que lui aurait demandé en 2007 Patrice de Maistre, à l'époque gestionnaire de fortune de la milliardaire, en faveur d'Eric Woerth pour les besoins de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, dont il était le trésorier.

Me Jean-Yves Leborgne, avocat d'Eric Woerth, a publié un communiqué de démenti. "Le bruit médiatique fait autour des déclarations de Claire Thibout, qui ne comportent pourtant aucun élément nouveau, amène Eric Woerth à réaffirmer qu'il n'a jamais reçu d'espèces occultes de Mme Bettencourt, ni d'aucun de ses proches", lit-on.

Les juges d'instruction bordelais, qui ont repris l'affaire fin 2010, n'ont pas encore prononcé de mise en examen mais ont perquisitionné à l'UMP, chez Eric Woerth, qui a été écarté du gouvernement, et fait auditionner plusieurs proches de Nicolas Sarkozy, dont son ex-conseiller pour la justice Patrick Ouart.

Un épisode est susceptible d'entraîner la mise en cause d'Eric Woerth, l'embauche par Patrice de Maistre de son épouse, juste avant la remise de la Légion d'honneur en 2008 au gestionnaire de fortune par le ministre.

Demeurent aussi dans le champ des investigations les accusations de fraude fiscale portées contre la milliardaire, et admises en partie puisqu'elle a annoncé le rapatriement de certains actifs en France.

Les juges doivent aussi examiner l'apparente mansuétude fiscale dont a bénéficié Liliane Bettencourt, notamment lorsqu'Eric Woerth était ministre du Budget entre 2007 et 2010.

Il apparaît que non seulement il n'y a jamais eu de contrôle mais qu'en outre Liliane Bettencourt s'est vue reverser une trentaine de millions par an au titre du "bouclier fiscal".

Sur le plan familial, le tribunal correctionnel de Bordeaux a définitivement abandonné en juin les poursuites de Françoise Meyers, fille de Liliane Bettencourt, contre le photographe François-Marie Banier, qui a renoncé à toucher environ 600 millions d'euros d'assurances-vie mais a conservé environ 400 millions d'euros de dons.

Le conflit entre la mère et sa fille Françoise Meyers a cependant repris après d'autres investissements jugés suspects et la demande de placement sous tutelle de l'octogénaire est toujours pendante.

Edité par Yves Clarisse

REUTERS