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Police-Justice

Nordahl Lelandais, un "manipulateur" résolu à "détruire l’autre", selon une expertise psychologique

Une analyse psychologique de Nordahl Lelandais a été versée au dossier d'instruction. L'experte, qui s'est entretenue avec lui à cinq reprises durant plus de deux heures, le décrit comme un manipulateur narcissique dénué de sentiment de culpabilité.

C’est une étape cruciale pour la défense de Nordahl Lelandais. Ce jeudi, la Cour d’appel de Lyon doit se prononcer sur la demande de Me Alain Jakubowicz, conseil de l’ancien maître-chien, d’annuler plusieurs pièces du dossier d’instruction. L’avocat conteste le témoignage d’un voisin de cellule de Nordahl Lelandais, qui affirme que ce dernier lui a avoué avoir violé Maëlys de Araujo avant de la tuer et de dissimuler son corps, retrouvé six mois plus tard dans une zone reculée du massif de la Chartreuse.

Surtout, Alain Jakubowicz réclame le retrait de l’expertise psychologique qui décrit son client comme un manipulateur narcissique dénué de sentiment de culpabilité. BFMTV s’est procuré ce document de 73 pages rédigé par une psychologue à la suite de cinq entretiens de plus de deux heures avec Nordahl Lelandais. L’analyse psychologique du trentenaire s’est déroulée entre les mois de janvier et juin 2018, soit avant mais aussi après qu’il a avoué les homicides d’Arthur Noyer et de Maëlys de Araujo.

"Zombie"

Avant de passer aux aveux, Nordahl Lelandais avait assuré ne jamais avoir eu l’intention de faire du mal à cette petite fille de 9 ans disparue dans la nuit du 26 au 27 août 2017, lors d’un mariage à Pont-de-Beauvoisin, en Isère. Ce soir-là, il l’a bien fait monter dans sa voiture mais "c’était pas moi le conducteur! J’étais zombie! Comme si c’était une entité qui s’emparait de moi. Comme dans un jeu vidéo", articule-t-il auprès de l’experte.

Plus tard, après avoir finalement reconnu le meurtre, il explique que "c’est un monstre qui l’a tuée! C’est pas une personne. J’ai paniqué comme si j’étais envoûté d’un démon, d’un diable. J’ai eu l’impression que Maëlys voulait m’agresser, qu’elle me voulait du mal".

Mais pour la psychologue, ces arguments ne tiennent pas. Selon elle, Nordahl Lelandais "ne pouvait que passer à l’acte, détruire l’autre". L’experte décèle chez cet ancien militaire "une insensibilité morale et une imperméabilité au sentiment de culpabilité car la notion même de faute lui paraît incompréhensible".

À cela s’ajoutent une "mythomanie constante" et une capacité à "manipuler" accentuée par son impression d’être en "position de toute puissance".

Emprise et manipulation

Lors des entretiens avec la psychologue, l’ancien militaire doublement mis en examen pour homicides et agressions sexuelles "a tenté de maintenir son emprise sur l’examinateur tout comme il a exercé une emprise et un contrôle sur chacune de ses victimes", qu’il appréhende comme des "proies". C’est le cas de Maëlys de Araujo, à qui il a asséné des coups mortels avant de "déposer son corps à côté de la maison de ses parents et de retourner festoyer, apaisé et délivré".

L’experte assimile ce comportement à celui d’un animal et observe que l’ancien maître-chien "s’identifie" à ses animaux de compagnie qu’il affectionne particulièrement. "La similitude avec le comportement d’un animal qui ramène sa proie morte au domicile de ses maîtres est sidérante", note-t-elle.

Ce portrait glaçant permet d’entrevoir un peu plus clairement les contours de cet homme au passé criminel intrigant. Outre les meurtres d’Arthur Noyer et de Maëlys de Araujo, ainsi que les agressions sexuelles de deux de ses petites-cousines, la piste Lelandais est étudiée dans 40 affaires de disparitions inquiétantes non résolues sur lesquelles planchent les enquêteurs de la cellule Ariane.

Sarah-Lou Cohen et Ambre Lepoivre