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Police-Justice

Nice: un prêtre soupçonné d'agressions sexuelles bénéficie d'une prescription

Le clocher d'une églie (illustration)

Le clocher d'une églie (illustration) - Nicolas Tucat / AFP

Le père Schoepf, mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs, a soulevé la prescription des faits concernant les plaintes de cinq hommes. Ils pourront quand même être entendus comme témoins pour les accusations d'autres victimes.

Les fait visés par cinq des neuf plaintes contre un ancien aumônier et prêtre catholique de Nice, le père Schoepf, mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, sont prescrits, a-t-on appris de sources judiciaires vendredi.

Les hommes qui avaient déposé ces cinq plaintes, âgés aujourd'hui de 42 à 50 ans, "sont susceptibles d'être entendus comme témoins mais la prescription est acquise", a indiqué à l'AFP le parquet d'Aix-en-Provence.

Les victimes n'ont pas osé porter plainte plus tôt

"Ce n'est pas une surprise, mais c'est une occasion manquée. La prescription a été soulevée de façon anticipée par le prêtre pour les faire taire", a réagi auprès de l'AFP Me Vincent Ehrenfeld, avocat de la plupart des victimes. Il a déploré une application trop stricte de la jurisprudence qui "ne retient pas l'amnésie traumatique comme cause d'interruption de la prescription, ni la dissimulation".

"Dans le dossier, l'amnésie traumatique a pourtant été médicalement reconnue et renforcée par le fait le prêtre expliquait aux enfants qu'il leur faisait des tests de maturité, et qu'ils ont aussi subi une pression sociale, scolaire, etc., faisant qu'ils n'ont pas pu parler plus tôt", a ajouté l'avocat.

Quand l'affaire a éclaté en 2017, la première plainte a été déposée par le père de jumeaux, dont l'un avait oublié les faits, mis à part des rêves d'attouchements, et l'autre n'osait pas porter plainte, selon Me Vincent Ehrenfeld. Huit autres plaintes ont suivies, les deux dernières au printemps, dont l'une par un trentenaire, dont la plainte ne tombe pas sous le coup de la prescription, pour des faits présumés remontant à 1997 à Rome.

Le père Schoepf suspendu de ses fonctions

Libéré sous caution en décembre 2018 après une brève incarcération, le père Schoepf reste sous contrôle judiciaire. Assigné à résidence en région parisienne, il a pu revenir sur la Côte d'Azur. Avant l'été, le diocèse avait indiqué vouloir se porter partie civile.

Charismatique et dynamique au sein des aumôneries de jeunes où il a officié à partir des années 1980, le père Schoepf était très apprécié à Nice, placé comme curé à Antibes avant de revenir à Nice, à la tête de la paroisse du Port. 

Interdit en septembre 2017 de tout ministère auprès des mineurs, il a été suspendu de toutes ses fonctions de curé lors de l'ouverture de l'information judiciaire en mai 2018. Interrogé à multiples reprises, le diocèse n'a jamais voulu dire si une enquête canonique avait ou non été conduite, alors que des bruits contradictoires couraient à propos du prêtre.

J. G. avec AFP